Cameroun: voici pourquoi les autochtones chassent les allogènes Bamoun et Kotoko

Les autochtones chassent les allogènes Bamoun et Kotoko

Thu, 10 Mar 2022 Source: Le Messager N°5971

L’incident est survenu de suite de noyage d’un pêcheur amateur Ntoumou dans les eaux du barrage de Memvélé dans la nuit de dimanche. Son corps retrouvé lundi au petit matin suscite une haine des autochtones envers les allogènes.

Dans Le village de Nyabizan, l’activité de pêche est menée pour l’essentiel par les professionnels « allogènes «Bamoun venus de l’Ouest et les Kotoko de l’Extrême-Nord du pays. Quelques originaires de la localité s’y adonnent déjà. L’un d’eux, nommé Paul, pêcheur amateur comme l’indiquent les pêcheurs allogènes, a sombré dans les eaux dans la nuit du dimanche 6 au lundi 7 mars 2022, suscitant le courroux de la population qui accusent les allogènes d’être les assassins de leur frère.

Une fois le corps découvert, raconte l’honorable Koupit Adamou dépêché sur les lieux par Patricia Ndam Njoya, les menaces de toutes sortes sont lancées contre les allogènes Bamoun et Kotoko. Ils sont priés sur le champ de faire leurs bagages et de vider les lieux dans les brefs délais, sinon les autochtones ne seront plus en mesure de répondre de ce qui pourrait leur arriver.

La communauté Bamoun, faut-il le relever, est formée de plus 32 familles sans compter les femmes et Les enfants, va se réfugier chez le chef de la communauté. Pendant ce temps, les Kotoko sont partis sans demander leur reste, d’ailleurs le député dépêché sur place par la présidente nationale de l’Udc, arrivé sur les lieux dans la nuit de mardi après minuit à Ma’an, va trouver les allogènes Bamoun avec juste trois membres de l’autre communauté.

Affront

On apprend que le préfet de la Vallée du Ntem est descendu sur les lieux lundi. Après avoir tenu un discours de paix et de rassemblement pour les fils d’un même pays, la tension est montée d’un cran. Les populations ont répliqué ouvertement à l’autorité administrative que si elle ne rentre pas à Ambam avec « les étrangers », car elles n’en veulent plus, elles passeront aux actes. Ce même lundi, on apprend que les pirogues ont été détruites par la population locale, déterminée d’en découdre. En dépit d’un tel affront ouvert à l’autorité administrative, personne n’a cependant ni été arrêtée ni inquiétée.

Quand la situation s’est dégénérée, Koupit Adamou indique que le préfet a fait appel aux forces de sécurité qui sont venues d’Ebolawa pour veiller au grain. C’est donc dans la nuit de mardi aux environs de 4 heures du matin que les familles allogènes du Noun ont quitté le Sud pour l’Ouest. C’est en réalité apprend-on ce 9 mars que leurs effets ont été collectés et transportés vers Foumban. Comme mesure conservatoire, le préfet a interdit la pêche pour une période de 2 mois.

Autopsie

Après Sangmélima, voici Memvélé. A quand une solution définitive à ces oppositions communautaires fréquentes dans le Sud entre autochtones et allogènes ? La source de la discorde, Paul le pêcheur décédé, a été inhumée, apprend-on lundi. L’enquête par autopsie qu’on aurait tant souhaitée, tombe à l’eau. Ce qui au sein de la population locale va continuer d’entretenir une haine ou une suspicion vis-à-vis de « l’étranger ».

Et c’est bien dommage pour le vivre ensemble. La présidente nationale de l’Udc dans un communiqué, « appelle les autorités compétentes, tant en charge de la protection et de la sécurité des citoyens aussi bien que celles chargées de l’encadrement et de l’éducation à prendre des mesures nécessaires et urgentes pour un rappel à la raison de celles et ceux qui s’en éloignent ». Dans le même communiqué, il est demandé si ce qu’on vit à Memvélé, est l’unité nationale qui revient avec redondance dans les discours.

Source: Le Messager N°5971