Il y a quelques jours, les compatriotes anglophones apparentés au mouvement sécessionniste avaient pris d’assaut les locaux du Haut-commissariat du Cameroun. Dans la foulée, ils y avaient hissé le drapeau de l’Ambazonie et brûlé la bannière tricolore.
Je souhaite revenir par la présente sur les faits d’Ottawa pour que chacun puisse en saisir/évaluer la réelle portée symbolique bien au-delà du trivial débat du drapeau brûlé. Dès après l’annonce publique faite par le Haut commissaire du Cameroun, S.E.M. Anu’a Gheyle Solomon Azoh Mbi, invitant les compatriotes à la 170, Clemow Avenue le 10 août à 15h pour écouter la délégation envoyée par M. Paul Biya afin d’ « expliquer le problème anglophone » (sic), des informations alarmantes font, vite, état de personnes organisées pour perturber la rencontre.
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Le Haut commissaire, M. Azoh Mbi, suggère à Yaoundé l’annulation pure et simple de la rencontre mais devra attendre les « hautes instructions » subséquentes. Il faut se rappeler que la rencontre doit être présidée, en l’occurrence, par le ministre de la Justice, M. Laurent Esso, l’homme sans doute le plus IMPOPULAIRE du régime Biya en ce qui concerne la question anglophone, puisque le triste magistrat ami de M. Paul Biya — dont un fils réside également à Ottawa — est celui qui aurait directement initié toutes les arrestations/interpellations des leaders anglophones, entre autres. Dans la mi-journée du 10 août, les instructions du Palais de l’Unité arrivent enfin. La rencontre d’Ottawa est annulée in extremis. Le chef de mission, un Anglophone, recommande au personnel l’évacuation immédiate du Haut commissariat afin d’éviter « tout incident ». Paradoxalement, cette mesure met le feu aux poudres.
Les trouble-fête du SCNC venus, nous rapporte-t-on, de Montréal et Toronto sont déjà là… Une dizaine d’individus arborant des tee-shirts aux couleurs de l’Ambazonie investissent les lieux et s’en prennent au drapeau tricolore sur la cour de la bâtisse diplomatique. Des diplomates qui n’avaient pas quitté la mission suite au mot d’ordre de son chef réussissent à s’enfuir. C’est le cas du vice-consul, M. Labarang Abdoulahi, et l’assistante consulaire Cécile-Annie Tekou Talla… Le conseiller culturel, M. Michel Foumane Adoumou, est coincé dans les locaux de la mission. L’ambiance est électrique. Il ne fait pas bon de s’exprimer en français ici.
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Informé de l’infortune de certains diplomates, le Haut commissaire, M. Azoh Mbi, contacte la GRC (Gendarmerie royale canadienne) qui a mission de police dans cette région du Canada. Celle-ci arrive sur les lieux mais ne peut intervenir. En l’absence d’actes de violence ou de vandalisme, la territorialité de la mission diplomatique pourrait résulter en un fâcheux précédent judiciaire contre le Canada. Le message à l’endroit des Camerounais est clair : « Réglez vos affaires entre vous! S’il y a du sang versé, alors nous interviendrons. Pas avant.»
M. Azoh Mbi reviendra, sur ces entrefaites, à la 170, Clemow Avenue où il passera l’après-midi, jusqu’à 20h le soir. Mais déjà, les faits sont là : le mouvement indépendantiste SCNC a frappé un grand coup dont le symbole dépasse, peut-être, un simple drapeau brûlé, profitant d’un déficit d’anticipation en matière de maintien d’ordre public dans certaines missions diplomatiques… Avec, cette fois-ci, on s’en doute, la sympathie de toutes les victimes anglophones, si nombreuses, de la barbarie du régime Biya…
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