Canicule : Pourquoi les températures augmentent-elles et comment vivre avec ce changement ?

Pourquoi les températures augmentent-elles et comment vivre avec ce changement ?

Wed, 9 Aug 2023 Source: www.bbc.com

Le mois de juillet 2023 a été le mois le plus chaud jamais enregistré sur Terre, selon le service européen Copernicus, le programme d'observation de la Terre de l'Union européenne.

Avec 16,96°C (la température globale moyenne relevée), et marqué par des canicules et des incendies à travers le monde, le mois dernier a été 0,33°C plus chaud que le mois de juillet 2019 qui détenait jusqu'à présent le record (16,63°C en moyenne).

La température de l'air a aussi été 0,72°C plus chaude que la moyenne (1991-2020) pour juillet, a indiqué Copernicus dans son bulletin du 08 aout 2023.

Au-delà des simples chiffres, cette augmentation des températures a été palpable en Afrique de l'Ouest et au Sahel. Que ce soit à Ouagadougou, à Abidjan ou encore à Ndjamena, l'on a atteint des températures les plus chaudes pour des canicules extrêmes.

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Comment comprendre ces hausses de température ?

La canicule observée en Afrique et dans le monde n'a pas surpris Assalama Dawalack Sidi , Directrice adjointe d'Oxfam en Afrique. Pour elle, cette augmentation des températures est liée au changement climatique.

"Nous sommes dans une période où nous constatons de changements climatiques qui frappent très fort certains pays qui malheureusement subissent les effets sans pour autant être responsable de la pollution actuelle ", explique-t-elle.

La Directrice adjointe d'Oxfam en Afrique, constate que "la température au Sahel est en train d'augmenter 1,5 fois plus vite que la moyenne mondiale alors que les émissions de dioxyde de carbone par habitants au Sahel sont environ six fois moins élevées que la moyenne mondiale."

Le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) tirait déjà la sonnette d'alarme dans son 6e rapport publié en mars 2023. Selon le GIEC, les effets du changement climatique vont s'intensifier : températures extrêmes, intensité des précipitations, sévérité des sécheresses, montée du niveau de la mer etc.

Ces effets du changement climatique sont déjà tangibles selon Dr Ousmane Ndiaye Directeur de la Météorologie et de l'Exploitation et point focal GIEC Sénégal. « Cette année on a connu des températures un peu excessives avec des valeurs qui ont avoisiné les 47 degrés », ajoute-t-il.

Dr Ousmane Ndiaye préfère parler de dérèglement climatique pour une "meilleure compréhension par les populations de l'ampleur de ces hausses de températures ".

Et d'ailleurs, pour le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, l'humanité a quitté l'ère du réchauffement climatique pour entrer dans celle de "l'ébullition mondiale", d'où la nécessité d'agir maintenant.

De forts impacts socio-économiques et environnementaux

"Ces records de températures ont des conséquences désastreuses pour les personnes et pour la planète", estime Samantha Burgess, directrice adjointe du service européen Copernicus sur le changement climatique (C3S).

Dans les ménages, la chaleur a un prix. Que ce soit en journée ou dans la nuit, les familles les plus modestes font recours aux ventilateurs dont les ventes explosent en cette période.

Pour le Sociologue sénégalais Abdou Khadre SANOKO, " la chaleur va booster les dépenses en terme d'énergie. Pour ceux qui ont un sérieux problème économique, elle va exacerber leur situation de précarité".

Le changement climatique a aussi d'importantes répercussions sur les écosystèmes et l'environnement.

Il influe sur les cycles de la nature, tels que la floraison des arbres ou la migration des oiseaux.

Une sécheresse prolongée et les précipitations inférieures à la moyenne ont touché des dizaines de millions de personnes en Afrique.

Les agences de l'ONU indiquent que ces phénomènes ont entraîné une insécurité alimentaire et coûté des milliards de dollars en pertes et dommages.

Selon Adamou Ounteni Issaka, Conseiller principal en résilience au Bureau régional du PAM en Afrique de l'Ouest et du Centre, explique que "dans la plupart des pays sahéliens, 90 % de la population vivent de l'agriculture et l'élevage ".

L'agriculture et l'élevage qui constituent le socle de leur économie, mieux, leur moyen d'existence sont aujourd'hui sujets à ce dérèglement et à ce réchauffement de la température.

Le réchauffement climatique a donc des impacts négatifs sur leurs économies et l'économie de manière générale.

Comment faire face à l'augmentation des températures ?

Bien que le mois de juillet 2023 a été le mois le plus chaud jamais enregistré sur Terre, le monde doit se préparer à de nouvelles températures records provoquées par El Niño, selon l'Organisation météorologique mondiale (OMM).

El Niño est un phénomène climatique naturel généralement associé à une augmentation des températures, une sécheresse accrue dans certaines parties du monde et de fortes pluies dans d'autres.

En d'autres termes, l'homme devrait apprendre à vivre avec ces pics de chaleurs et à s'y adapter.

Sur le court terme, Dr Ousmane Ndiaye Directeur de la Météorologie au Sénégal recommande un investissement dans des "systèmes d'alerte précoce" pour protéger un maximum de personnes en cas de catastrophes météorologiques. L'annonce à temps des vagues de chaleur peut aider les populations à prendre des dispositions adéquates.

Selon BBC Future, le choix d'une tenue pour rester au frais ou le simple fait d'enfiler un tee-shirt blanc et un peu d'eau lorsque c'est possible, devraient vous aider à garder votre température basse lorsque le mercure se réchauffe - et à économiser sur l'air conditionné.

Depuis 2018 le PAM développe une approche basée sur un ensemble d'activités qui permettent de récupérer des terres agricoles, des terres pastorales pour améliorer la résilience des communautés affectées par les changements climatiques.

Adamou Ounteni Issaka, le Conseiller principal en résilience au PAM, estime que le facteur limitant de l'agriculture est l'absence ou l'insuffisance de l'eau. C'est pourquoi, le PAM "met en œuvre des activités de mobilisation des eaux de ruissellement et crée des infrastructures qui permettent de retenir l'eau en abondance pour permettre au communautés de pouvoir cultiver ou bien exploiter le sol ".

De manière globale, les scientifiques du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) le soulignent: "nous disposons de plusieurs solutions réalistes et efficaces pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et pour nous adapter au changement climatique d'origine humaine ".

En 2018, le GIEC soulignait que limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C constituait un défi inédit. Ce défi a pris encore plus d'ampleur du fait de l'augmentation continue des émissions de gaz à effet de serre.

Selon le GIEC, l'accès à des énergies et technologies propres est favorable à la santé, en particulier pour les femmes et les enfants.

En outre, l'électrification à faible émission de carbone ainsi que les déplacements à pied, à bicyclette et en transport public pourraient assainir l'air, améliorer la santé et créer des emplois.

Respects des engagements

Les scientifiques et experts s'accordent à dire que l'Afrique émet seulement 4% des gaz à effet de serre mais est soumise à plus de chocs que les autres continents.

C'est pourquoi, le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a récemment appelé les Etats industrialisés à avancer rapidement vers une réduction des gaz à effet de serre. "Nous disposons des outils, des connaissances et des solutions. Cependant, nous devons accélérer le rythme. Nous devons intensifier l'action climatique en réduisant les émissions afin de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C. Nous avons besoin d'investissements massifs dans l'adaptation et la résilience, en particulier pour les pays et les communautés les plus vulnérables qui ont le moins contribué à cette situation ", a déclaré le Secrétaire général des Nations Unies.

Il faut passer des promesses ou des discours aux actions fortes pour sauver les communautés vulnérables, renchérit Assalama Dawalack Sidi , directrice adjointe d'Oxfam en Afrique.

"Les pays qui produisent les gaz à effet de serre doivent payer le prix du changement climatique. Ils doivent tenir leur promesse de mobiliser 100 milliards de dollars par an et établir de nouveaux objectifs de financement de climat fondés sur la vulnérabilité des pays pauvres ", ajoute la directrice adjointe d'Oxfam en Afrique.

En effet, les " 100 milliards de dollars par an " sont un engagement conjoint des pays développés pris à Copenhague en 2009 afin de mobiliser, à partir de 2020, des financements publics et privés, y compris de sources innovantes, en faveur des pays en développement pour financer leurs actions de lutte contre le changement climatique.

Cependant, ces pays pollueurs peinent encore à respecter leurs engagements.

Source: www.bbc.com