Cannabis : le Cameroun se drogue

1311 Drogue081215650 Ledit plan nourrit l’ambition de réduire significativement l’offre de la drogue

Mon, 15 Jul 2024 Source: Intégration N°618

Les Camerounais de plus en plus accrocs aux substances psychotropes. Une conclusion sans appel que vient de tirer le ministre de la Santé publique (Minsanté).

Au cours d’une conférence de presse donnée ce 11 juillet dernier Dr Manaouda Malachie livre une juste photographie des consommations illicites au Cameroun en 2023. L’an dernier, souligne le Minsanté, les centres de soin d’accompagnement et de prévention en addictologie ont reçu 2057 patients parmi lesquels 1125 nouveaux cas. A en croire Dr Manaouda Malachie, l’analyse des données fait savoir que, dans le nombre de patients accueillis dans les 19 centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa), logés dans les hôpitaux de 2e et de 3e catégories que comptent le Cameroun, la tranche d’âge de 19 à 32 ans est la plus exposée, 96% des cas recensées sont des célibataires et 68% des sujets poursuivent leur scolarité, 41% sont constitués des personnes inactives ou sans profession. Pour être plus précis 87% des personnes sujettes au phénomène de la consommation des drogues résident en milieu urbain.

Selon les mêmes études faites, les prévalences annuelles sont respectivement de 72,4% pour le cannabis fumé, 72,4% pour le tabac fumé, 79, 3% pour les boissons alcoolisées, et 50,5% pour le tramadol. Au regard des chiffres, «le mal est profond», alerte le Minsanté. D’après lui, les conséquences de l’addiction à ces produits nocifs prouvent que «les commodités psychiatriques sont constituées de 8% de troubles de la personnalité, 13% de troubles psychotiques induits par les substances, 55% de troubles dépressifs majeurs, 5% de troubles de paniques, 22 % d’actes autodestructeurs, 55% de dépendances et 17% d’abus aux substances addictives».

Dénonçant ces nombreux cas de consommation des drogues qu’elle impute à la faible accessibilité aux centres de réhabilitation des personnes accrocs aux drogues, à la rareté des dits centres et aux coûts élevés des traitements, la Commission des droits de l’Homme du Cameroun (CDHC), se dit également préoccupée par le fait que des mesures adéquates de contrôle et de suivi ne sont pas prises jusqu’ici pour lutter contre la consommation des substances psychotropes. Citant l’Indice mondial du crime organisé 2023 publié le 24 janvier 2024, la CDHC, rappelle que les scores du Cameroun sur le commerce de l’héroïne, de la cocaïne, du cannabis et des drogues de synthèse demeurent inchangés soit 4,5; 3,5; 7 et 7 sur 10. Plan stratégique Après l’état des lieux sur le trafic illicite des drogues au Cameroun, les pouvoirs publics ont élaboré le plan stratégique national 2024-2030 de lutte contre la consommation des stupéfiants.

Conçu avec l’appui du Comité national de lutte contre la drogue (CNLD) et des organisations internationales, ledit plan nourrit l’ambition de réduire significativement l’offre, la demande, les conséquences de l’usage des drogues au Cameroun. Avec le concours des partenaires techniques et financiers et des sociétés savantes, le même plan projette aussi la réorganisation de la réponse institutionnelle de la lutte. Sont principalement concernés: les ministères de l’Education de base (Minedub), des Enseignements secondaires (Minesec), de la Promotion de la Femme et de la Famille (Minproff) et des Affaires sociales (Minas).

Source: Intégration N°618