La Cameroon Railways (Camrail), filiale du groupe Bolloré et concessionnaire du chemin de fer camerounais, a souligné la nécessité d’une expertise internationale indépendante afin de déterminer les causes de l’accident du 21 octobre 2016 à Eséka (Centre) et qui avait fait 79 mort et plus de 500 blessés, a appris APA de sources proche du dossier.
Invité à comparaître devant le tribunal local en compagnie de 12 collaborateurs également cités dans le cadre de cette catastrophe, le nouveau directeur général de la compagnie, Jean Pierre Morel, a indirectement rejeté le rapport officiel ayant conclu à une vitesse excessive du train InterCity n°152.
«Camrail souligne la nécessité d’une expertise internationale indépendante qui permettrait de mieux comprendre comment ce drame est arrivé alors même qu’aucune anomalie n’a été détectée dans la circulation de ce train depuis Yaoundé avant cet événement», peut-on lire dans une note que APA a pu consulter, par lui adressée au tribunal d’Eséka.
Le transporteur, qui bat en brèche la thèse de la défaillance de son matériel roulant, s’appuie également sur «l’expérience du groupe Bolloré en matière de gestion et d’exploitation des réseaux ferroviaires en Afrique (Côte d’Ivoire, Niger, Bénin et Burkina Faso)» ainsi que sa «rigueur optimale» dans la sélection, la formation, la certification et le contrôle continu de ses agents.
En mai 2017, Camrail avait déjà rejeté plusieurs points des conclusions de l’enquête prescrite par le chef de l’État, affirmant «contester certains points importants apparaissant dans les rapports des experts de la commission qui lui ont été communiqués».
La société a relevé que ledit rapport semblait mettre en cause du matériel roulant neuf, acquis en 2014 dans le cadre d’un avis d’appel d’offres international, pour lequel elle confirmait qu’un litige était par ailleurs ouvert.
Les experts de Camrail, avançant l’hypothèse d’une défaillance ou d’un défaut de conception de ce matériel comme cause de l’accident, avaient à leur tour déjà demandé qu’une expertise internationale soit diligentée afin de confronter les différentes versions.
On rappelle que le rapport de la commission d’enquête, qui était présidée par le Premier ministre Philemon Yang, avait «établi la responsabilité, à titre principal, du transporteur» dans le déraillement du train InterCity n°152, concluant que la cause principale du renversement des wagons était une vitesse excessive (90 kilomètres/heure), dans une portion de voie où la vitesse est fortement limitée (40 kilomètres/heure) et qui comprend en outre une forte déclivité et plusieurs courbes serrées.
Selon le rapport, Camrail n’a pas respecté certaine règles de sécurité : le train présentait de graves anomalies et défaillances notamment la surcharge du convoi, une rallonge inappropriée des rames, l’utilisation de voitures de voyageurs dont plusieurs présentaient des organes de freinage défaillants, l’utilisation d’une matrice dont le freinage rhéostatique était hors de service.
Les enquêteurs avaient également constaté l’absence de vérification sérieuse de la continuité du freinage de la rame avant son départ de la capitale, Yaoundé pour la métropole économique, Douala, ainsi que le refus de prise en considération, par la hiérarchie du transporteur, des réserves émises par le conducteur du train du fait des anomalies et défaillances précitées.