Cavayé Yéguié Djibril canonise Paul Biya

Devant les membres du bureau de l’Assemblée nationale, qu’il a réuni le week-end dernier, le président de la Chambre basse du Parlement s’est félicité de ce « qu’en 42 ans de magistrature, Paul Biya a accepté pour la première fois qu’un édifice public porte son nom ».

Baptisé « Palais de verre Paul Biya » puis validé par les membres du bureau de l’Assemblée nationale, réunis le 5 janvier dernier, le nouveau siège de l’Assemblée nationale a effectivement reçu l’accord du Chef de l’Etat. C’est du moins ce qu’il faut retenir de la récente sortie de Cavayé Yéguié Djibril qui a réuni à Yaoundé, les membres du bureau de l’Assemblée nationale le week-end dernier. « Sur notre demande, le président de la République a accepté que ce nouveau palais porte son nom » , a-t-il fait savoir.

Dans l’entourage du Pan, beaucoup soutiennent que cette décision de baptiser l’édifice qui abrite l’institution au nom de Paul Biya, est une manière pour l’auguste Chambre de « rendre hommage au Chef de l’Etat et de pérenniser son nom via l’une des œuvres réalisées au cours de sa présidence » . On se souvient qu’avant l’incendie qui l’a ravagé en 2017, le siège portait le nom « Palais des verres » sans plus. Après la construction du nouveau siège, « le nom Paul Biya ajouté marque un élément nouveau dans l’histoire de l’Assemblée nationale, l’une des plus vieilles institutions du pays » , argumente un député de la partie septentrionale du Cameroun, joint au téléphone. Et Cavaye de se féliciter de ce « qu’en 42 ans de magistrature, Paul Biya a accepté pour la première fois qu’un édifice public porte son nom » . A la vérité, plusieurs analystes sentaient venir cette décision du Pan. N’avait-il pas déjà consacré près de la moitié de son adresse le 11 décembre 2024 sur le magnificat de l’édifice inauguré officiellement le 30 novembre 2024 par le président de la République, représenté pour la circonstance par le maître des céans ? C’est que le don sans contrepartie de la République Populaire de Chine n’a pas fini de plonger le député de Tokombéré dans une sorte d’euphorie inextinguible. « Cérémonie particulièrement courue, s’il en fût. Je voudrais ainsi féliciter tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué au succès que nous affirmons retentissant de cet événement. Je pense en particulier au Comité d’organisation avec les différentes commissions opérationnelles mises sur pied pour la circonstance. A tous les membres de ces instances, je leur dis : bravo » , avait-il lancé in extenso à ses collègues de la Chambre. Mille fois merci à Biya Dans cette lancée dithyrambique, Cavaye avait rappelé qu’ils y sont, comme pour indiquer qu’ils ont parcouru pendant quatre ans un parcours non moins pénible avec la délocalisation du Palais des verres au Palais des congrès. De retour à Ngoa-Ekellé dans le nouvel immeuble, il s’agit d’un retour avec émerveillement à la source, un retour triomphal de gloire, d’achèvement et d’accomplissement qui subjugue le Pan, car il rentre désormais dans l’histoire comme le premier héritier du perchoir de ce bijou offert par le pays de Xi. « Nous vivons comme un baptême du feu. En effet, définitivement, officiellement, et solennellement nous prenons possession des locaux. Ils sont flambants neufs. Ils sont à nous et nous en sommes fiers ! Y a-t-il un seul d’entre vous qui ne le soit pas ? Y a-t-il un seul député en ce moment qui ne soit pas fier, heureux et satisfait d’être assis dans son nouveau siège et dans ce somptueux décor. Y a-til un seul ? » , interrogeait-il.

Dans cet hallali contre les conditions précaires de travail des députés, le Pan avait alors demandé de « dire mille fois merci au président de la République, artisan de la réalisation de ce joyau qui est désormais celui des élus d’aujourd’hui et de demain » . La Présidentielle 2025 pointant à l’horizon, c’est tout dire.