Au sein de l’Assemblée nationale, la guerre semble ouverte pour un éventuel remplacement de Cavaye au perchoir. Les élites politiques de l’Extrême-Nord ne s’épargnent aucun coup.
La dernière sortie vient du député du Front national pour le Salut du Cameroun (Fncs), du Diamaré, réélu au poste de Vice-président de la Commission des finances et du budget de la Chambre à la session de mars 2022. Sur sa page Facebook officielle, Salmana Amadou Ali ne prend aucune précaution pour soulever un pan de voile sur la dimension des manœuvres souterraines qui agitent la Maison du peuple à dessein de faire chuter Cavaye Yéguié de son perchoir.
Sa publication sur la toile, intitulé « mise au point », s’ouvre en ces termes : « C’est avec horreur et stupéfaction que j’ai appris qu’une banderole imprimée du message « Salmana notre futur Pan » a été brandie hier à Tokombéré dans le Mayo Sava région de l’Extrême-Nord. Face à ces événements ignobles, je tiens à faire cette mise au point. »
Il faut à ce niveau préciser que Tokombere est le fiel natal du président de l’Assemblée nationale (Pan). Dans la foulée de sa déclaration, il a adjoint une photo sur laquelle des jeunes gens tiennent une banderole d’affront ouvert au Pan. « Salmana, notre futur Pan », est écrit en gras, aux couleurs noire et bleue sur une banderole portée par sept jeunes portant des t-shirts floqués aux effigies du député.
L’homme politique du Fnsc égrène trois arguments pour se disculper de cette initiative « orchestrée par des individus tapis dans l’ombre aux intentions cyniques et pernicieuses », qui tentent d’après ses propos de lui attribuer des intentions qui ne sont pas tiennes.
En premier lieu, il affirme qu’il voue au Pan, ce sage pétri d’expérience qui l’a choisi comme scrutateur à la dernière élection du bureau, une admiration et un profond respect, eu égard à sa riche carrière politique doublée de ses fonctions de chef traditionnel. Par ailleurs, dans sa détermination d’établir son innocence dans cette entreprise de remplacer Cavaye, il indique que les futurs présidents de l’Assemblée nationale seront tous démocratiquement élus par le peuple puis par les députés, comme le prévoient le code électoral et le règlement intérieur de l’Assemblée Nationale.
En outre, il précise qu’il se réserve le droit d’intenter des actions en Justice « aux fins de découvrir qui sont les réels instigateurs de cette machination dégoûtante et nauséeuse rendue publique en pleine célébration de l’unité nationale ».
Pour finir, il confie qu’il n’a nul besoin de rappeler que le respect des institutions de la République et de ceux qui les incarnent, parmi lesquels le Très Honorable Cavaye Yeguie Djibril, est une valeur cardinale qui encadre son action politique.
Guerre de positionnement et de neutralisation
Des sources crédibles affirment que ces derniers temps, après le départ du Secrétaire générale, le patron de l’Administration évincé de manière cavalière comme on le sait déjà en février der- nier, la position du Directeur du cabinet (Dircab) a été confortée. Notre source bien introduite n’hésite pas à révéler que l’équipe qui a manœuvré pour la chute de Gaston Komba est « en train de se défaire », « est en train de se combattre » pour reprendre ici ses propres termes. Ainsi, ces députés alliés d’hier, s’affranchissent au jour le jour au point de se remettre directement au Pan en grillant la politesse au Dircab. Un crime de lèse-majesté en somme.
Par exemple, apprend-on, les députés du Diamaré-centre, en l’occurrence Salmana du Fnsc et Damdam Marie du Rdpc sont dans cette posture. Il se dit que ces deux derniers auraient des entrées très faciles auprès de Cavaye, sans se référer à quiconque. Par cette attitude, ils piétinent copieusement les plates-bandes du Dircab, la tour de contrôle. On voit d’ailleurs sur une photo abondamment relayée sur les réseaux sociaux, le député Salmana Amadou Ali à genoux ou prosterné devant le Pan peut-être pour lui signifier sa soumission ou sa reconnaissance.
Intérêts financiers et politiques
Toujours selon des sources dignes de foi, tout est désormais mis en œuvre pour discipliner les deux élus du peuple dans leurs emportements à rencontrer le Pan tant à Yaoundé, à Maroua, à Tokombéré ou à Mada. A cette allure où vont les hostilités entre les deux camps, où tous les coups sont permis, il est difficile de dire avec la moindre certitude qui est à la manette dans quelques initiatives. L’unique certitude est que les uns et les autres sont dans une posture dialectique de positionnement et de neutralisation, un binôme qui tourne à plein régime dans les institutions de l’Etat.
On peut à tout au moins reconnaître qu’il s’agit effectivement d’une bataille pour des intérêts financiers et politiques et le positionnement dans l’Extrême-Nord. Dans la région, des sources se plaignent à n’en plus finir que le député du Fnsc a été longuement utilisé comme cheval de bataille dans le combat contre les élites politiques du Diamaré et d’affaiblir par conséquent politiquement le chef-lieu Maroua.