‘Ce gars est un hypocrite et un ingrat’ : un camarade de Biya parle

Paul Biya 234 Il n'a jamais aimé Paul Biya

Sat, 15 Jun 2024 Source: Arol Ketch

Victor Ayissi Mvodo est une personnalité politique et ancien ministre Camerounais dont la mémoire tend à être occultée. Il a côtoyé les cimes du pouvoir et aspirait fortement à diriger le Cameroun. Mal lui en a pris et il s’est brûlé les ailes.

Au lycée, il était l’ami d’un certain Paul Biya qu’il va côtoyer pendant son cursus parisien. Ayissi Mvodo, le trouve « mou, hypocrite, fourbe, ingrat, timoré et sans ambitions ». A son retour au Cameroun après ses études, Ayissi Mvodo est intégré dans la Magistrature en 1961.

En 1967, il est nommé Secrétaire général au ministère du travail et des lois Sociales, en juin 1969 il devient secrétaire général à la Présidence de la République Fédérale du Cameroun Quelques mois plus tard, il est nommé Ministre chargé de Mission à la Présidence de la République fédérale.

Puis, ministre de l’Administration Territoriale du 30 juin 1975 au 18 juin 1983. Il est prédestiné alors à un brillant avenir.

En 1975, Mvodo va assener une violente gifle à Paul Biya dans le bureau du Président Ahmadou Ahidjo. Il fallut venir l’arrêter pour qu’il ne rudoyât pas Paul Biya. Ayissi n’aimait pas Paul Biya et ne le cachait pas. Lorsque les langues se délieront, les historiens nous donneront les raisons de cette détestation.

En 1968, Ayissi s’opposa énergiquement à la nomination de Biya au secrétariat général de la présidence de la République alléguant que Biya était un ex-disciple d’André Marie Mbida. Quand Biya fut nommé 1er ministre et se trouva à un pas de la magistrature suprême, l’hystérie d’Ayissi devint totale. En effet, Ayissi Mvodo avait des ambitions politiques et se rêvait en successeur d’Ahidjo à la tête du pays. Il était convaincu qu’il était l’homme le mieux disposé à remplacer Ahidjo.

En novembre 1982, lorsqu’il apprend que le président Ahmadou Ahidjo a décidé de quitter le pouvoir et confie les rênes du pays à Paul Biya, Ayissi Mvodo va pleurer à chaudes larmes et va immédiatement constituer une forte délégation pour aller rencontrer Ahmadou Ahidjo et le dissuader de renoncer au pouvoir ; et si même il renonçait, il était préférable selon lui de confier le pouvoir à quelqu’un d’autre que Paul Biya.

Quelques mois après son arrivée au pouvoir Paul Biya limoge, son « ennemi intime » Ayissi Mvodo. Le torchon brûle entre les deux hommes et les caciques du régime interviennent pour mettre en place une accalmie.

Ayissi Mvodo accepte de faire profil bas. Il se retire dignement. Il est écarté des sphères du pouvoir ; Le 14 septembre 1985, il est nommé PCA de la SNI. Il prend sa retraite le 1er septembre 1988 mais vit dans la rancœur.

Voyant la situation de délitement du pays à travers les opérations de villes mortes, la crise économique, il caresse en privé le désir de renverser Paul Biya et cherche des soutiens. Il va voir le sinistre Fochivé et lui dit ceci : « Je parle de la vraie nature de Biya que je constate demeurer le seul à connaitre. Ce gars est un hypocrite et in ingrat. D’après les informations qui me parviennent, il serait en train de mettre sur pied, un des régimes les plus sanguinaires qu’aucun pays d’Afrique n’aurait jamais connu.

Biya s’est servi de l’argent du peuple et de son pouvoir pour réduire les chefferies traditionnelles en des simples centres auxiliaires d’une administration dont il est le Dieu vénéré. Le pire, ce qui lui garantira une longévité qui fera date dans l’histoire des dictatures africaines […] le tribalisme dans ce pays a atteint un niveau jamais imaginé.

Les minorités et les majorités exclues accumulent des rancœurs qui, le jour où s’imposera l’alternance naturelle, exploseront et nous, les Beti, regretteront d’avoir connu Biya. Va donc voir dans le pays béti profond comment les gens souffrent ».

A l’approche de l’élection présidentielle de 1997, Paul Biya subit la plus grande fonde jamais observée au sein du RDPC ; Titus Edzoa démissionne de son poste de ministre de la santé pour poser sa candidature à l’élection présidentielle de 1997.

De l’autre côté Victor Ayissi Mvodo, s'était déjà déclaré candidat à l’élection. Fait inédit, il réussit à obtenir le soutien de l’élite et des populations BETI. Il a des soutiens auprès des Ewondo, des Etenga, des Etons. De plus des dignitaires du Nord Cameroun nostalgiques d’Ahidjo lui apportent son soutien.

En l’espace de quelques semaines une foudroyante maladie va avoir raison de celui qui a une fois de plus osé défier Paul Biya. Il décède en juin 1997 à quelques mois des élections présidentielles dans un hôpital à Paris. Les élites Beti qui sont au courant de ce qui s’est passé, appelle au calme pour éviter une guerre fratricide.

Lors des obsèques d’Ayissi Mvodo, un notable béti somme aux siens d’arrêter le massacre, de se ressaisir et de s'assagir. Ce dernier sera tout simplement interpelé par la police. Ayissi Mvodo éliminé de la course, il faut à présent contrecarrer Titus Edzoa. Il faut battre le fer lorsqu’il est encore chaud.

Le 3 juillet 1997 Titus Edzoa et son directeur de campagne Michel Thierry Atangana sont arrêtés pour détournement de fonds publics. Les deux adversaires de Paul Biya, le Sphinx sont désormais éliminés de la course au pouvoir.

Paul Biya a réussi à maintenir le parti uni, il a réussi à contrecarrer les divisions au sein du grand groupe Ekang-Beti. Face à une opposition émiettée et dispersée, il peut tranquillement aller aux élections.

En effet, les principaux adversaires de Paul Biya à ces élections étaient à l’intérieur du régime. Les principaux partis d'opposition ayant boycotté le scrutin, Paul Biya est très largement réélu : 92,57 %. Ne dure pas au pouvoir qui veut mais qui peut.

Le livre les révélations de Jean Fochive revient de manière détaillée sur les révélations que Ayissi Mvodo faites à Fochivé avant sa mort .

Source: Arol Ketch