Beaucoup de la nouvelle génération ne le savent peut-être pas, mais Pierre Moukouko Mbondjo, ancien ministre des relations extérieures du Cameroun, était autrefois un talentueux artiste connu sous le nom de Peter Mukoko. En tant qu'auteur-compositeur brillant, les messages de ses chansons continuent de résonner aujourd'hui.
Peter Mukoko a fait ses débuts dans l'orchestre du collège Alfred Saker au Cameroun et au Yaoundé University Music. Après ses études au Cameroun, il a poursuivi sa formation en France, notamment à l'Université de Paris IV Sorbonne et à l'Institut d'études politiques de Paris. C'est à cette époque qu'il a connu un succès notable dans le domaine musical, rejoignant même le groupe panafricain de pop music OSSIBISSA. Il s'est distingué par sa voix suave, son style narratif et la profondeur de ses paroles. Ses chansons portaient des messages engagés et abordaient des questions de société.
Dans son titre "Ma petite fille", Peter Mukoko mettait en garde les jeunes filles contre les hommes prédateurs qui ne cherchaient que la satisfaction de leurs désirs sexuels. Il exhortait les jeunes filles à se méfier des beaux parleurs. Dans "La belle Ekoko", il racontait l'histoire tragique de la jolie Ekoko, cinquième épouse et favorite d'un polygame, qui a connu une fin tragique après avoir consulté des charlatans pour séduire son mari.
Cependant, au début des années 90, à son retour au Cameroun, Peter Mukoko s'est tourné vers la politique et a pris des postes de haute responsabilité. Il a alors décidé de mettre un terme à sa carrière musicale, reniant même son nom d'artiste. Désormais, il exigeait d'être appelé Pierre Moukouko Mbondjo.
Il a lutté pour interdire la vente et la diffusion de ses disques, et lorsqu'il était invité dans les médias, il refusait catégoriquement de répondre à des questions sur son passé d'artiste, cherchant à effacer cette phase de sa vie. On raconte que des disquaires achetaient ses disques pour les détruire. C'est ainsi devenu rare de trouver sur le marché du disque camerounais plusieurs de ses albums, tels que "Mboa", "Come Back", "Peter Mukoko", "Tribute to Amilcar Cabral", et d'autres.
Pendant sa carrière politique, Peter Mukoko a occupé plusieurs postes de responsabilité au Cameroun, notamment en tant que directeur du Cabinet du Premier Ministre Peter Mafany Musonge de 1996 à 2004, ministre de la Communication de 2004 à 2006, et ministre des relations extérieures de 2011 à 2015.
Malgré les critiques sur son évolution en tant que "nouveau millionnaire" conforme à la personnalité qu'il décrivait dans sa chanson éponyme, il convient de reconnaître son talent d'auteur-compositeur, sa voix raffinée, ses messages profonds et ses mélodies bien orchestrées. Peter Mukoko a laissé sa carrière d'artiste derrière lui pour poursuivre une carrière politique, mais son impact dans le monde de la musique reste inoubliable pour de nombreux auditeurs et artistes au Cameroun.