Ce n'est pas Paul Biya qui est candidat, mais Chantal Biya et son clan

Biya Marche Chantal Image illustrative

Thu, 22 May 2025 Source: www.camerounweb.com

Après avoir observé attentivement le défilé du 20 mai et la réception au palais présidentiel, le lanceur d'alerte Boris Bertolt livre une analyse tranchante sur les véritables enjeux de l'élection présidentielle camerounaise.

« Après avoir bien observé le défilé du 20 mai et la réception au palais présidentiel, les Camerounais doivent comprendre que ce n'est pas Paul Biya qui est candidat à la présidentielle 2025. Mais Chantal Biya, son clan au palais et tous leurs alliés dans le système. »

Cette déclaration du lanceur d'alerte Boris Bertolt, formulée au lendemain des célébrations de la fête nationale de l'Unité, relance le débat sur les véritables enjeux de la prochaine élection présidentielle au Cameroun.

L'analyse de Bertolt s'appuie sur plusieurs éléments observés lors des festivités du 20 mai 2025. En premier lieu, l'élévation de Chantal Biya au grade de chevalier de l'Ordre de la Valeur par son époux, geste symbolique fort qui consacre publiquement son influence grandissante au sein de l'appareil d'État.

Cette distinction s'inscrit dans une stratégie plus large de mise en avant du "clan présidentiel", comme l'illustrent les décorations accordées aux épouses des hautes personnalités du régime : Nelly Dion Ngute (épouse du Premier ministre), Véronique Manguetet (épouse du ministre des Travaux publics), ou encore Filomène Ngono Okala Adelle (épouse du délégué général à la sûreté nationale).

Pour Boris Bertolt, ces nominations révèlent une véritable stratégie de consolidation du pouvoir par le cercle restreint du palais. « Les Camerounais assistent en réalité à la mise en scène d'une transition déguisée », analyse-t-il. « Paul Biya, à 92 ans, prépare la continuité de son système plutôt que sa propre succession. »

Le lanceur d'alerte pointe également les mesures sécuritaires exceptionnelles prises lors du défilé, notamment l'interdiction des téléphones portables pour "prévenir toute diffusion d'images non maîtrisées du président". Une précaution qui trahit, selon lui, la vulnérabilité croissante du chef de l'État et la nécessité de contrôler son image publique.

L'absence remarquée de plusieurs figures de premier plan, comme Laurent Esso (ministre de la Justice, hospitalisé en Europe) ou Marcel Niat Njifenji (président du Sénat), contraste avec la présence renforcée de l'entourage familial et du cercle rapproché du président.

« Ce qui se joue en 2025, ce n'est pas l'élection de Paul Biya pour un huitième mandat, mais la validation populaire d'un système incarné par Chantal Biya et ses alliés », affirme Boris Bertolt. « L'enjeu réel est de maintenir en place un réseau d'influence qui transcende la personne même du président. »

Cette lecture des événements pose des questions cruciales pour les forces d'opposition. Si l'analyse de Bertolt s'avère juste, les candidats comme Maurice Kamto (MRC) ou Akere Muna se trompent d'adversaire en se concentrant uniquement sur la figure de Paul Biya.

« L'opposition doit comprendre qu'elle ne combat pas seulement un homme de 92 ans, mais tout un système qui s'est préparé à sa succession », prévient le lanceur d'alerte. « La vraie bataille se joue contre cette oligarchie palatiale qui a intérêt à perpétuer le statu quo. »

Les mesures sécuritaires renforcées lors du défilé, l'exclusion de certains partis d'opposition et le contrôle strict de l'information préfigurent selon Bertolt d'une campagne électorale sous haute surveillance.

« Le message est clair : seuls ceux qui acceptent les règles du système peuvent participer au jeu démocratique », observe-t-il. « C'est exactement ce que nous avons vu avec l'exclusion du MRC du défilé officiel. »

Pour Boris Bertolt, la présidentielle de 2025 ne sera donc pas un référendum sur Paul Biya, mais sur la pérennité d'un système politique incarné par son entourage proche. Une analyse qui pourrait bouleverser les stratégies de campagne de tous les acteurs politiques camerounais.

« Les Camerounais vont devoir choisir entre le changement réel et la continuité déguisée », conclut-il. « Mais d'abord, ils doivent identifier qui sont les véritables candidats de cette élection. »

Source: www.camerounweb.com