Au cours d'une conférence de presse qui a ponctué la première session extraordinaire du Comité de politique monétaire de la Banque des États de l'Afrique centrale (Beac) de l'année 2022, tenue le 18 novembre 2022 à Ndjamena, la capitale tchadienne, le gouverneur de l'institut d'émission commun aux six États de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA et Guinée équatoriale) a fortement déconseillé aux populations d'investir dans les cryptomonnaies.
«L'option de la Beac est de dire aux citoyens de ne pas investir dans ces actifs spéculatifs, parce qu'ils sont très risqués. Le Bitcoin, par exemple, a perdu plus de 70% de sa valeur depuis le début de l'année 2022 » , a indiqué Abbas Mahamat Tolli (photo). Et ce dernier de réitérer que la cryptomonnaie demeure une monnaie non reconnue dans l'espace Cemac. «Je tiens à préciser que pour tous les pays de la zone Cemac, la seule monnaie est le franc CFA» , a-t-il martelé.
Abbas Mahamat Tolli maintient ainsi la position de la banque centrale face à l'officialisation, le 22 avril 2022, d'une cryptomonnaie par RCA.
Cette sortie du gouverneur de la banque centrale des pays de la Cemac survient quelques semaines après la publication du nouveau reglement régissant le marché financier commun au pays de la Cemac, dans lequel apparaissent les notations d'« actifs numériques » et de « jetons numériques ». «Constitue un jeton, tout bien incorporel (c'est-à-dire immatériel, NDLR) représentant,
sous la forme numérique, un ou plusieurs droits émis, inscrits, conservés ou transférés au moyen d'un dispositif d'enregistrement électronique partagé permettant d'identifier, directement ou indi-rectement, le propriétaire dudit bien» , explique l'article 76 de ce règlement, adopté le 21 juillet 2022 par le Comité ministériel de l'Union monétaire de l'Afrique centrale (Umac) et rendu public le 14 septembre dernier. Selon des acteurs du marché financier associés à la rédaction de ce texte, ce concept integre les cryptomonnaies, mais aussi les jeux vidéo, les photographies ou des logiciels.
En plus, « les prestations de services sur actifs numériques » font désormais partie des activités admises sur le marché financier de la Cemac. Il s'agit, selon l'article 160, du « fait de proposer un ou plusieurs des services ou opérations ci-après : conservation d'activités numériques pour le compte d'un tiers; achat d'actifs numériques contre une monnaie ayant cours légal ou contre d'autres actifs numériques; exploitation d'une plateforme de négociation d'actifs numériques ;autres services sur actifs numériques tels que la réception et la transmission d'ordres pour le compte de tiers, la gestion de portefeuille pour le compte de tiers, le conseil, le placement».
Au demeurant, l'apparition des cryptoactifs dans le corpus règlementaire du marché financier sous-régional ne confère pas aux cryptomonnaies le statut juridique de monnaie dans la zone Cemac.