Pour ce marché obtenu et payé dans des conditions nuageuses, des responsables de la Chambre d’agriculture de l’élevage et des forêts (Chagri) n’avaient pas hésité à s’opposer farouchement au paiement de ce marché qui semble n’avoir existé que dans la tête de son prestataire et le réseau des élites de la Mefou et Akono qui le soutenait sur fond de tribalisme.
En juin 1999, le président de la Chambre d’agriculture de l’élevage et des forêts (Chagri) s’inquiétait déjà de l’arrivée au forceps d’un prestataire de service sur le site du Centre de formation des agriculteurs de Binguela. Prenant le taureau par les cornes, il avait alors saisi simultanément par correspondance le commandant de compagnie de gendarmerie de la Mefou et Akono à Ngoumou, le préfet de la Mefou et Akono à Ngoumou, le sous-préfet de Mbankomo au motif de trouble à l’ordre public au Centre de Binguela Dans cette correspondance, il indiquait d’entrée : « il m’est revenu que le 29 et 30 mai 1999, des individus sous le fallacieux prétexte qu’ils sont ressortissants de la région ont frauduleusement pénétré le centre de formation de Binguela ou, sans autorisation, ont déposé des matériaux de construction et s’apprêtaient à entreprendre des travaux. » Le président de la Chagri poursuit : « l’huissier de justice par moi envoyé sur les lieux pour constater les faits a été copieusement molesté par les personnes se trouvant sur le site et par les gendarmes que l’on y a abusivement installé. De tels actes qui tendent à empêcher la réhabilitation envisagée du centre de Binguela sont de nature à troubler l’ordre public et sont en déphasage avec la politique d’intégration nationale prônée par le chef de l’Etat. » . Dans la foulée, le président de la Chagri insistait que « les per- sonnes qui travaillent actuellement sur le site n’ont reçu aucun mandat de la Chambre d’agriculture et des forêts du Cameroun. » . Suffisant pour lui de rappeler que « le centre de formation de Binguela appartient en toute propriété à la Chambre d’agriculture, de l’élevage et des forêts du Cameroun. Tout individu voulant y accéder ou entreprendre quelques travaux que ce soit devrait se munir d’un document l’y autorisant et dûment signé par ma personne. Le président de la Chagri va alors conclure que « les travaux de réhabilitation dudit centre devant démarrer incessamment, je vous remercie des mesures utiles que vous voudrez bien prendre afin que ces individus inconnus de la Chambre d’agriculture ne perturbent pas de quelque manière que ce soit leur déroulement. »
A la lecture de cette correspondance, l’on est en droit de faire quelques constats. Les individus qui se sont frauduleusement introduits dans l’enceinte de ce centre comptaient certainement sur de puissants soutiens au regard par exemple des gendarmes frauduleusement installés sur le site. Du coup l’on pense en premier aux autorités administratives et politiques du département de la Mefou et Akono. Mais surtout, le soutien complice d’une certaine élite qui avait intérêt à accompagner ce hold-up qui à terme devait rapporter gros, car ceci n’avait pas l’air d’un soutien à un frère du village, mais accompagner le frère du village à se faire un sacré pactole. L’autre constat que l’on peut faire à la lecture de cette correspondance du président de la Chagri, c’est qu’il y aurait eu une fuite au niveau même de la Chagri pour savoir que la réhabilitation du centre était envisagé et il fallait donc faire le forcing en venant faire semblait de déposer des matériaux de construction sur le site du centre au nez et à la barbe du président de la Chambre.
D’ailleurs, il est resté constant que la Chambre d’agriculture n’a jamais passé un marché avec Pascal Atangana qui présentait alors une photocopie du marché spécial N°835/98/99 qui avait donc l’air d’être un faux. Dans la foulée, il était évident que Pascal Atangana n’a jamais eu à entretenir une quelconque relation avec la Chambre d’agriculture. Pourtant, le marché ne représentait pas l’argent de cacahuètes. Il s’élevait à près d’un milliard de Fcfa, d’après nos sources.