• Un litige foncier oppose les autochtones à l’entreprise française carrefour
• Carrefour dans sa démarche est soutenu par plusieurs membres du gouvernement
• Une décision de justice condamne pourtant l’entreprise française
Pour plusieurs membres du gouvernement, notamment Ferdinand Ngoh Ngoh et Séraphin Magloire Fouda, la justice ne vaut rien. Le bail emphytéotique que l’État camerounais avait accordé au super marché français Carrefour et son partenaire Cfao Retail a été annulé par le tribunal administratif de Yaoundé, mais par la force des mains tapis dans l’ombre, le super marché a été inauguré hier.
En effet la parcelle querellée était à l’origine la propriété des familles autochtones (Mvog Mbia Tsala et Mvog Ela), qui en ont été expropriées le 14 novembre 2016 à la suite d’un décret signé par le Premier ministre sur instruction de Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général à la présidence. Selon les informations du quotidien Le Messager, Ferdinand Ngoh Ngoh est celui qui a parrainé de bout en bout l’enseigne française en lui octroyant des facilités sur les impôts, la Tva et la douane, sous le fallacieux prétexte que l’implantation de Carrefour à Yaoundé va générer de nombreux emplois. « Il avait fait convoquer des hauts responsables des services de douanes et des impôts à la Présidence de la République en prétextant que c’était sous haute instruction du président de la République, et leur a imposé une démarche administrative qui accorde toutes les facilités à une société qui s'est installée en région urbaine et qui va tuer le petit commerce des environs », renseigne une source proche du dossier. Faits plus graves, le Premier ministre et le ministre de l’Économie ont royalement ignorés au cours des transactions alors que leurs rôles s’avéraient importants dans l’appréciation des enjeux économiques d’une telle affaire. C’est plutôt la clique constituée de Ferdinand Ngoh Ngoh, Ayem Moger et Séraphin Fouda qui a manœuvré tout le processus d’implantation de Carrefour à Yaoundé. Face à cette tribu de grands commis plus préoccupés par l’argent que par l’intérêt des populations, les premiers propriétaires de la zone de Warda où a été construit l’hypermarché Carrefour ont saisi la justice d’un recours en excès de pouvoir pour faire annuler la décision. Le tribunal administratif va annuler l’acte d’expropriation. Malgré cette décision, le projet a suivi son cours grâce aux interventions de certains pontes du régime de Yaoundé.
L’affaire est désormais perçue comme la preuve d’une volonté d’accaparement des terres, sur fond de corruption et de trafic d’influence. Les familles mécontentes accusent des caciques du pouvoir, notamment Ferdinand Ngoh Ngoh, Jean-Claude Ayem Moger et Séraphin Magloire Fouda, de fouler aux pieds les sensibilités locales en imposant sur cette partie de la ville, cet imposant projet de Carrefour.