Si le monde veut éviter les pires conséquences du changement climatique, les émissions de gaz à effet de serre doivent se rapprocher du niveau net zéro d'ici à 2050, ce qui signifie que nous retirerons de l'atmosphère autant de carbone que nous en émettons.
C'est ce qu'affirment les principaux scientifiques des Nations unies, qui préviennent que nous sommes actuellement sur le point de dépasser une hausse de la température mondiale de 2 degrés.
Cela fera de nombreuses régions de la planète un endroit difficile à vivre. Selon eux, les solutions naturelles, comme la plantation d'arbres, et les technologies, comme le captage et le stockage du carbone, seront essentielles pour éviter les effets les plus catastrophiques du changement climatique. Mais pour certains écologistes, ce n'est pas la bonne voie à suivre.
D'autres affirment que l'élimination du dioxyde de carbone est en fait l'une des rares solutions pour réduire les émissions dans ce qui est décrit comme des industries lourdes, telles que l'acier, le ciment et les produits chimiques, où les réductions d'émissions ne peuvent être obtenues qu'avec des technologies révolutionnaires telles que le CSC.
"Ces processus nécessitent souvent des températures élevées. En outre, environ un quart des émissions industrielles résultent de réactions chimiques et ne peuvent donc pas être évitées en passant à des combustibles de substitution", explique Samantha McCulloch, de l'AIE.
La plantation de nouvelles forêts ou la restauration d'anciennes forêts sont généralement mieux acceptées car elles sont perçues comme moins nocives pour l'environnement. Mais "certaines ne sont pas efficaces à long terme", affirme M. Patrizio.
"La capacité d'un arbre à isoler le carbone n'est que temporelle, car lorsqu'il atteint sa maturité, il cesse également d'éliminer le carbone, à moins que vous ne mainteniez l'ensemble de la forêt", explique-t-elle.
Elle ajoute : "Les méthodes d'élimination technique ne présentent pas ce problème. Avec le CSC, le dioxyde de carbone est stocké de manière permanente dans des sites de stockage géologique."
Les défenseurs du CSC expliquent également que dans certains pays, les conditions pour investir dans tous les types d'énergies propres ne sont pas réunies. Et dans ceux où les émissions de combustibles fossiles sont élevées, le CSC pourrait être une nécessité.
"Notre travail consiste à construire des ventilateurs pour retirer le carbone de l'atmosphère et le stocker de façon permanente dans le sol", explique-t-il.
Contrairement aux installations directement liées aux sources de combustibles fossiles, Climeworks filtre l'air qui se trouve autour de son usine.
"Nous sommes basés en Islande, mais ce que nous faisons affecte le niveau de CO2 partout.
"Le CSC capture les émissions avant qu'elles n'entrent dans l'atmosphère. Ce que nous faisons, c'est capturer ce qui est déjà dans le ciel", ajoute M. Beuttler.
Le captage direct de l'air ou DAC est considéré comme moins controversé car il n'est pas directement lié aux pollueurs. Dans le cas de ClimeWorks, l'installation est alimentée par des énergies renouvelables, ce qui en fait une solution durable de capture du carbone.
Mais comme pour toute technologie naissante, tant qu'elle n'est pas déployée à plus grande échelle, son utilité reste incertaine. Pour l'instant, elle fait l'objet de spéculations et des questions subsistent quant à son potentiel et à son évolutivité.
"Le principal problème du captage du carbone est son coût. Elle nécessite des investissements considérables, non seulement dans les installations de captage, mais aussi dans la planification et l'investissement des infrastructures de transport et de stockage du CO2. Nous avons constaté des progrès, mais nous n'en sommes encore qu'au début", déclare Samantha McCulloch.
Le débat porte également sur les priorités. Faut-il se concentrer sur les énergies renouvelables à court terme ou investir d'abord dans le captage du carbone ? Certains pensent que les deux devraient aller de pair.
"Le CSC ne rend-il pas notre planète plus verte de toute façon ? Il est faux de dire que ceux qui soutiennent son utilisation ne tiennent pas compte de la biodiversité. En fait, nous nous en préoccupons", affirme M. Patrizio, de l'Imperial College de Londres.
La dernière analyse de l'AIE sur le captage du carbone donne la priorité à une approche qui prend en considération "toute une série d'options, toutes déployées en même temps", explique Mme McCulloch.
Elle ajoute : "Pour nous mettre sur la voie du zéro carbone net d'ici à 2050, il faut une transformation ambitieuse de la façon dont nous utilisons, transportons et produisons l'énergie, et pour cela, le monde a besoin d'un ensemble complet de solutions. Cela inclut les énergies renouvelables, l'efficacité énergétique, un plus grand déploiement des technologies de l'hydrogène, et dans ce cadre, la capture du carbone joue un rôle."