L’homme d’affaires se plaint d’être victime de chantage et d’escroquerie à travers des appels téléphoniques empreints de menaces par lesquels il lui est exigé de fortes sommes d’argent. Certains membres du gang en détention à la prison centrale de Yaoundé-Kondengui sont passés aux aveux devant la barre.
M. Baba Ahmadou Danpoullo n’a pas le «sommeil tranquille depuis un certain temps à cause des appels téléphoniques de certaines personnes qui le menacent et lui exigent de fortes sommes d’argent. Le célèbre homme d’affaires accuse Alioum Ahmadou Ahidjo et Yaouba Oumarou d’être les principaux acteurs de ses malheurs. Ces derniers avaient dénoncé M. Aou Hamidou avec qui ils sont en détention à la prison centrale de Yaoundé-Kondengui comme étant leur complice et principal informateur.
C’est ce qui ressort des débats de l’affaire tenus devant le Tribunal de première instance de Yaoundé centre administratif le 17 novembre 2021. Le représentant du plaignant a présenté tes faits au centre du procès en présence d’Alioum Ahmadou Ahidjo et Yaouba Oumarou qui sont passés aux aveux. Seul M. Aou Hamidou, leur supposé complice, a totalement nié les faits.
Selon le représentant de M. Baba Danpullo et témoin de l’accusation, son mandataire a commencé à recevoir les appels insistants et menaçants d’Alioum Ahmadou Ahidjo depuis le mois d’août 2021. Ce dernier, qui avait obtenu tous tes numéros téléphoniques et les informations sur la vie privée de M. Baba Ahmadou Danpoullo, se présentait comme l’informateur de l’État sur les différentes opérations des «Ambazoniens» dans la région du Nord-Ouest.
Il prétendait aussi protéger l’important ranch de bœufs du plaignant contre les agresseurs du mouvement ambazonien. M. Alioum Ahmadou Ahidjo avait alors exigé à l’homme d’affaires de lui faire un dépôt d’une somme de 100 mille francs. Pris de panique, l’homme d’affaires s’était exécuté compte tenu de la pertinence des informations que son interlocuteur lui donnait.
Faux magistrat…
Le lendemain, dit-il, les exigences du mis en cause étaient montées d’un cran, il avait demandé à sa victime de lui envoyer la somme de 500 mille puis celle de cinq millions (te francs, faute de quoi il avait menacé de faire exécuter tout son personnel domestique dont il semblait bien maîtriser tes noms, a poursuivi te témoin de l’accusation.
Pour lui, tes informations sur la base desquelles te prévenu Alioum Ahmadou Ahidjo traquait son patron provenaient de Yaouba Oumarou, je frère d’une ex-épouse de M. Baba Danpullo, d’une part, et de M. Aou Hamidou, d’autre part. Ce dernier connaît bien 1e plaignant pour avoir pris part dans son domicile en compagnie de son oncle aux réunions d’une association qui regroupe tes ressortissants de leur village commun.
Les choses vont tourner au fiasco quand tes mis en cause décident d’exiger du milliardaire (tes fonds exorbitants. Pour s’assurer de la crédibilité de ces interlocuteurs, l’homme d’affaires va demander à les rencontrer pour une concertation. Ils lui opposent un refus catégorique en l’informant que s’ils le rencontrent, ils allaient le tuer. Une attitude qui va pousser M. Baba Danpoullo à ne pas céder aux pressions et à recourir aux forces de l’ordre pour l’ouverture d’une enquête.
Cette dernière conduira à l’arrestation d’Alioum Ahmadou Ahidjo et Yaouba Oumarou, qui vont dénoncer plus tard M. Aou Hamidou comme étant un informateur. Par ailleurs, te représentant de M. Baba Danpoullo a indiqué que même après l’arrestation des mis en cause, les appels téléphoniques menaçants se sont poursuivis. Cette fois-ci, c’est un individu qui se présentait comme étant le magistrat en charge du dossier de l’affaire concernant les mis en cause. En fait, 1e prétendu magistrat sollicite de l’argent de l’homme d’affaires. Quand ce dernier demande, à le rencontrer, le magistrat va prétexter qu’il est en confinement pour avoir été atteint du Covid-19.
Des recherches laites par le plaignant auprès du TPI de Yaoundé centre administratif ont permis de découvrir que le juge qui connaît du dossier est une dame et non un homme. De nouvelles investigations de la police permettront de déceler que les appels téléphoniques décriés étaient émis à partir de la prison centrale de Kondengui. L’enquête policière se poursuit dans te but de déterminer le «magistrate usurpateur.
Tergiversations
M. Aou Hamidou, le mis en cause qui a plaidé non coupable, a souligné que depuis trois ans il n’a plus rencontré Alioum Ahmadou Ahidjo. Après son retour du Gabon, précise-t-il, il est allé au village pour l’enterrement de sa maman et s’est installé à Douala où il exerce des activités de commerce. «Je ne traite rien avec mon dénonciateur qui est un aîné au quartier Etoudi à Yaoundé. Je ne lui ai pas donné la moindre information concernant M. Baba Danpoullo. Il voulait me faire du mal parce qu’il me garde rancune prétendant que je lui dois de l’argente, a-t-il confié. Il a ajouté qu’il ne connaissait pas l’ex beau-frère du plaignant impliqué dans cette affaire.
Dans ses réquisitions finales, la représentante du parquet a révélé qu’à l’enquête préliminaire, Alioum Ahmadou Ahidjo et Yaouba Oumarou ont reconnu les charges qui pèsent sur leurs personnes. Ils ont confirmé leurs aveux devant la barre. Elle a demandé au tribunal de donner aux deux compagnons d’infortune une sanction exemplaire qui doit décourager tous ceux qui se livrent à ce genre de pratiques.
S’agissant, du cas de M. Aou Hamidou, le troisième accusé, le ministère public a indiqué que fers des (feux premières confrontations à l’enquête policière, Alioum Ahmadou Ahidjo, le cerveau du gang, avait dénoncé ce dernier comme étant son informateur. Mais il a varié de version pendant la troisième confrontation. «Je confirme mes déclarations sauf qu’en réalité, ce n’est pas M. Aou Hamidou qui m’a donné les renseignements sur le plaignant mais plutôt un ami», avait alors déclaré le mis en cause.
La magistrate du parquet a demandé au tribunal de déclarer ce dernier non coupable et de l’acquitter purement et simplement du fait des tergiversations du dénonciateur. L’avocat de M. Baba Danpullo s’est associé aux réquisitions du parquet qu’il qualifie de pertinentes. En guise de réparation du préjudice subi, l’avocat de l’accusation a demandé un franc symbolique. Le tribunal a clos les débats et compte rendre son verdict le 15 décembre 2021, date de la prochaine audience. Chacun des mis en cause sera alors fixé sur son sort.