Selon Jeune Afrique, la directrice générale de la Société de presse et d’édition du Cameroun (Sopecam) et directrice de publication du quotidien Cameroon Tribune, Marie-Claire Nnana, se trouve sous le feu des projecteurs après la publication d'un dossier spécial dans le média à capitaux publics. Le secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, a souhaité la limoger pour "fautes lourdes", mais la première dame, Chantal Biya, considérée comme le principal soutien de Marie-Claire Nnana, est intervenue pour sauver sa tête.
Le conflit entre Marie-Claire Nnana et Ferdinand Ngoh Ngoh remonte à la publication d'un dossier spécial dans Cameroon Tribune, qui rassemblait des articles traitant du conflit entre Samuel Eto'o, président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), et Narcisse Mouelle Kombi, ministre des Sports et de l’Éducation physique (Minsep). Le dossier a rappelé les instructions strictes émanant du chef de l’État, Paul Biya, ce qui a conduit Ngoh Ngoh à souhaiter la limoger.
Cependant, la première dame, Chantal Biya, a joué un rôle clé dans la sauvegarde de la position de Marie-Claire Nnana. Après avoir adressé une lettre au président Paul Biya, défendant la publication des articles, la patronne de Cameroon Tribune a reçu le soutien de la première dame. Une concertation a eu lieu avec Joseph Le, ministre de la Fonction publique, et René Emmanuel Sadi, ministre de la Communication. L'instruction de Paul Biya a été donnée pour bloquer la convocation du conseil d'administration ordinaire de la Sopecam, qui devait se tenir au cours du mois de juin et lors duquel le limogeage de Marie-Claire Nnana devait être évoqué.
Cette intervention de Chantal Biya a mis en lumière la guerre des clans qui oppose le patron du cabinet civil, Samuel Mvondo Ayolo, au secrétaire général de la présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh. La guerre a trouvé un nouveau front au sein des médias d'État, avec Marie-Claire Nnana, qui a renforcé son réseau de soutien depuis 2018 en se rapprochant de Samuel Mvondo Ayolo. Alors que Ngoh Ngoh a souvent rejeté ses projets de nomination au sein de l’institution qu’elle dirige, Marie-Claire Nnana a plusieurs fois réussi à contourner le secrétaire général en s’adressant directement au chef de l’État par l’intermédiaire du cabinet civil.
Cette affaire montre l'influence considérable que la première dame, Chantal Biya, exerce sur les décisions politiques au Cameroun, et souligne également les tensions persistantes entre les différents membres de l'entourage du président Paul Biya.