Chantal Kambiwa, la Camerounaise qui illumine l'Internationale socialiste, révélations de Jeune Afrique

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Thu, 18 Apr 2024 Source: www.camerounweb.com

Désignée numéro 2 de l'Internationale socialiste le 25 février, Chantal Kambiwa, ancienne cadre du Social Democratic Front, entend contribuer à redresser cette alliance mondiale de la gauche et y renforcer l'influence de l'Afrique.

Deux semaines après avoir accepté de rencontrer Jeune Afrique, Chantal Kambiwa, 60 ans, nous retrouve dans un restaurant cosy situé au boulevard du 20-Mai à Yaoundé, la capitale du Cameroun. Elle revient d'un voyage à Madrid, précédé d'un séjour aux États-Unis. À peine avons-nous commencé à échanger que l'alerte d'un email interrompt notre conversation. "C'est mon assistante, s'excuse-t-elle. Elle m'envoie le plan d'action de nos 12 prochains mois."

Cet agenda chargé, Chantal Kambiwa le doit à son élection au poste de coordinatrice générale de l'Internationale socialiste (IS), une fonction nouvellement créée dans l'organigramme de cette organisation. Dans le fonctionnement de cette instance qui réunit l'ensemble des partis de gauche de la planète, Chantal Kambiwa est donc la numéro 2. Jusque-là vice-présidente de l'IS, cette ancienne cadre du Social Democratic Front (SDF, opposition) hérite d'une organisation qui connaît de nombreuses crises internes.

La dernière en date, le départ de Benedicta Lasi, fut le fruit d'une longue bataille qui a opposé la Ghanéenne au président de l'IS, Pedro Sánchez, au point de paralyser le fonctionnement de l'organisation. "Nous nous sommes retrouvés dans une situation où il a fallu choisir entre Benedicta et le président Sánchez, vu qu’il avait clairement déclaré ne plus pouvoir collaborer avec elle", explique Chantal Kambiwa.

Depuis, Pedro Sánchez a entrepris de remanier la vieille maison socialiste. À travers une commission d'amendement des statuts de l'organisation, le nouvel exécutif de l'IS a gelé le poste de secrétaire général et l'a remplacé sur le plan opérationnel par celui de coordonnateur général. Fidèle à son plan initial, le Premier ministre espagnol a offert ce poste de bras droit à l'Afrique. Ainsi, tout en permettant d'asseoir davantage l'influence de Sánchez, la manœuvre a mis en orbite Chantal Kambiwa.

Cependant, l'Internationale socialiste connaît depuis quelques années une profonde crise politique et administrative. Entre 2013 et 2022, pas moins de 59 partis membres ont quitté l'organisation. La défiance vis-à-vis de l'IS a atteint son paroxysme avec le lancement, en mai 2013, de l'Alliance progressiste (AP), un réseau mondial alternatif des partis dits progressistes. De plus, nombre de ses membres, notamment en Afrique, sont déclassés dans leurs pays respectifs, et peinent à reverser leurs cotisations. Ce qui a pour conséquence d’affecter les finances.

Pour la nouvelle coordinatrice générale de l'IS, les Africains doivent faire le bilan de leur présence au sein de l'institution. "Nous devons nous-même réfléchir à ce qu’on attend de ce type d’organisation, explique-t-elle. Je me souviens du jour où le FPI de Gbagbo a été exclu. Des larmes ont coulé. Mais il faut dire que nous n’avons pas fait preuve d’assez de solidarité. Combien d’Africains du présidium étaient présents ce jour-là ? Si vous vous retrouvez en salle 4, contre tous les membres européens, vous ne pouvez pas faire pencher la balance. Les Africains doivent connaître où se trouvent leurs intérêts."

Chantal Kambiwa a la particularité d’avoir presque toujours évolué dans des environnements agités. Fille d’un ancien ministre d’Ahmadou Ahidjo, proche du pouvoir de Paul Biya, c’est au sein du SDF qu’elle décide de faire ses premiers pas en politique en 1992. À cette époque, le Cameroun connaît les années dites de braise, et un vent de répression s’abat sur les partis d’opposition et leurs militants. Cette situation ne la décourage pas pour autant, et elle se présente à sa toute première élection municipale dans le chaudron de Douala, à l’âge de 28 ans.

Après un début prometteur, la suite de sa carrière au sein de cette formation politique sera loin d’être un fleuve tranquille. C’est que, durant cette première décennie de retour au multipartisme, la politique est considérée au Cameroun comme une affaire d’hommes, et les femmes n’interviennent très souvent qu’en complément d’effectif. Chantal Kambiwa n’échappe pas à ce machisme institutionnalisé au sein du pouvoir comme de l’opposition.

Aujourd'hui, Chantal Kambiwa entend contribuer à redresser l'Internationale socialiste et à renforcer l'influence de l'Afrique au sein de cette alliance mondiale de la gauche. Un défi de taille pour cette femme de conviction, qui a su s'imposer dans un environnement politique agité et machiste.

Source: www.camerounweb.com