Des wagons renversés et endommagés. Des corps ensanglantés sur la voie ferrée. Des rescapés couverts de boue assis à même le sol, l’air désemparé. Ils n’en reviennent toujours pas de ce qu’ils viennent de vivre. De part et d’autres, des personnes secourent les victimes. C’est l’ambiance que les populations d’Eséka ont vécu vendredi dernier vers 13h, suite au déraillement du train 152 de Camrail.
« Quelques kilomètres avant le lieu du drame, le train a commencé à fumer. Et puis il a ralenti. Après, tout d’un coup, il a accéléré. On ne comprenait plus rien. Alors que les passagers se posaient des questions, la locomotive s’est détachée et a continué à rouler seule. Abandonnant le reste du train. On a pensé à un problème technique. Ces trains ne sont pas contrôlés», raconte un rescapé. Un autre ajoute : « Il y a eu un bruit sourd. Les derniers wagons ont quitté les rails et ont commencé à s’empiler les uns sur les autres. Ils ont fini par faire tonneau tandis que notre wagon, remorqué par une locomotive devenue folle, a fini par se stabiliser cinq kilomètres plus loin, dans un bosquet. C’était terrible ».
En effet, tout est parti de la rupture de la circulation sur l’axe Yaoundé-Douala au lieu dit Manyaï, dans l’arrondissement de Matomb. Les deux plus grandes métropoles du Cameroun étant coupées par voie terrestre, les voyageurs ont pris d’assaut la gare-voyageurs de Yaoundé. Un trop plein qui a contraint le transporteur ferroviaire à un rajout de wagons pour satisfaire le surplus de passagers. De sources bien informées, ce sont environ 1 300 personnes qui ont été transportées à bord de ce train qui n’est pas arrivé à destination. Dimanche après-midi, le bilan provisoire communiqué à CT par le ministre de la Santé publique faisait état de 75 morts et près de 600 blessées.
Concernant les causes de cet accident, elles ne sont pas encore élucidées. « On ne peut pas avoir les éléments de réponse à l'immédiat. Nous avons prescrit l'ouverture d'une enquête judiciaire et d'une autre en interne à Camrail. Car la décision d'ajouter huit wagons supplémentaires a été prise par cette entreprise. Et non par l'administration. Le gouvernement a demandé la densification de l'offre de transport. Mais, les décisions opérationnelles ont été prises en interne par chaque compagnie. Si on prend le cas de Camair-Co, le gouvernement ne pouvait pas lui demander de mettre 90 places sur les 46 requises. Chaque compagnie a pris des décisions conformément à ses contraintes techniques », explique le ministre des Transports, Edgard Alain Mebe Ngo’o.
En attendant les conclusions de ces enquêtes, certains rescapés ont une idée de ce qui s’est passé. Du défaut de freinage à une main criminelle, les hypothèses fusent. Entre-temps, dans de nombreuses familles, tandis que certains assistent leurs proches dans les hôpitaux, d’autres cherchent toujours leurs défunts.