Classement des villes africaines 2025 : Douala et Yaoundé perdent leur place, Jeune Afrique révèle les raisons

Douala Central Image illustrative

Mon, 15 Dec 2025 Source: www.camerounweb.com

Une révélation exclusive de Jeune Afrique fait l'effet d'une bombe : les deux principales villes camerounaises, Douala et Yaoundé, sont absentes cette année du palmarès des 30 villes africaines les plus attractives. Un décrochage brutal pour ces métropoles qui occupaient respectivement la 23e place pour Douala et la 24e position pour Yaoundé l'année dernière.

Dans son édition du 15 décembre 2025, le magazine panafricain Jeune Afrique livre une analyse approfondie de cette chute spectaculaire. Selon les révélations du média, ce résultat s'explique autant par les limites de la politique urbaine des deux villes que par l'élargissement de la sélection de métropoles testées.

L'enquête de Jeune Afrique démontre que l'entrée dans le classement 2025 de nouvelles villes comme Tanger, Marrakech, Pretoria, Mombasa et Dar es-Salam, positionnées "assez haut" dans le palmarès, a contribué à repousser les deux capitales camerounaises hors du Top 30.

Jeune Afrique pointe du doigt des carences majeures qui pénalisent l'attractivité des deux métropoles. Pour Douala, capitale économique de 4,9 millions d'habitants, le magazine révèle une lacune critique : l'absence d'un centre international de conférences capable d'accueillir des événements de grande envergure.

Calvin Limaleba Tabi, patron du cabinet d'architecture LTC & Partners, interrogé par Jeune Afrique, confirme : "Douala ne dispose pas d'un centre international de conférences lui permettant d'accueillir les événements de grande envergure. Les solutions proposées par les hôtels privés ne sont pas suffisantes."

Cette carence oblige les organisateurs d'événements, foires-expositions ou concerts à occuper, faute de mieux, la permanence du RDPC (parti au pouvoir) qui dispose d'une vaste esplanade, le centre administratif de Bonanjo, ou encore le terrain en friche de Camtel à Bepanda.

L'analyse exclusive de Jeune Afrique révèle un concept édifiant : les deux villes pratiquent ce que l'architecte Steeve Princy Nyangon Ndongo, directeur de Focus International Group (FIG), qualifie d'"urbanisme de colmatage".

"Yaoundé et Douala se présentent comme l'archétype de villes à très fort potentiel économique ayant pourtant un niveau de modernisation mitigé. L'essor spatial ayant tendance à précéder le développement économique, la structuration est difficile. L'urbanisme de planification cède donc la place à un urbanisme de gestion, de rattrapage et de colmatage", explique-t-il aux journalistes de Jeune Afrique.

Jeune Afrique révèle également un phénomène alarmant à Douala : l'intensification de la spéculation foncière, particulièrement dans la zone est de la ville, en direction de Yaoundé. Cette zone, destinée à devenir la troisième zone industrielle de l'agglomération après Bassa et Bonaberi, voit les prix des terrains s'envoler, rendant l'accès au logement des habitants plus difficile.

Si des infrastructures clés ont vu le jour - dont la centrale thermique de Yassa, un hôpital gynéco-obstétrique et un complexe sportif - cette spéculation compromet l'attractivité résidentielle de la capitale économique.

Des plans directeurs d'urbanisation non respectés

La révélation la plus accablante de Jeune Afrique concerne le non-respect des plans directeurs d'urbanisation. Le magazine indique que celui de Yaoundé est en vigueur depuis seulement deux ans, tandis que l'actualisation du document de Douala est encore en cours.

Steeve Princy Nyangon Ndongo, cité par Jeune Afrique, insiste : "Le renouveau de chacune des deux agglomérations doit débuter par le respect de leur plan directeur d'urbanisation."

Dans une comparaison littéraire saisissante, Jeune Afrique rappelle que la coexistence des beaux quartiers et de zones défavorisées, qualifiées de ghettos, évoque la peinture que fit l'écrivain Mongo Beti de la ville imaginaire de Tanga (nord et sud) sous la colonisation.

Cette référence illustre la persistance des inégalités spatiales et sociales qui minent l'attractivité des deux métropoles camerounaises, malgré leurs potentialités économiques considérables.

L'enquête exclusive de Jeune Afrique sonne comme un avertissement pour les autorités camerounaises : sans une refonte profonde de la gouvernance urbaine, sans le respect des plans d'urbanisation et sans la réalisation d'infrastructures structurantes, Douala et Yaoundé risquent de continuer à perdre du terrain face à la concurrence africaine.

La modernisation des deux villes, forte de 4,1 millions d'habitants pour Yaoundé et 4,9 millions pour Douala, ne peut plus attendre. Les révélations de Jeune Afrique montrent que le décrochage n'est pas une fatalité, mais le résultat de choix politiques et urbanistiques qui peuvent être corrigés.

Source: www.camerounweb.com