Dans un contexte où les réseaux sociaux sont de mise chez les jeunes, et alors que la pandémie du Covid-19 a imposé le télétravail, les écoles camerounaises commencent à s’arrimer à l’Espace numérique de travail (ENT). Le 20 septembre 2023 au quartier Nkolbisson, commune d’arrondissement de Yaoundé 7, élèves et étudiants ont déjà pris le train de la nouvelle donne.
L’espace numérique commence à s’élargir à l’école. Au collège Tsimi Evouna par exemple, les enseignants l’ont vite compris. « J’ai créé des groupes WhatsApp dans les classes de Première et Terminale, pour faciliter la diffusion des supports de cours numériques qui contribuent aux leçons liées à mes enseignements », confie Mohamed, enseignant du département d’Histoire-géographie.
« Nous encourageons fortement la promotion et l’inclusion des réseaux sociaux dans le système éducatif. Les équipes d’encadreurs et les élèves ont beaucoup à gagner avec. Il s’agit pour les enseignants d’élargir le champ de compétences technologiques des élèves et de permettre à ce qu’ils puissent avancer dans les programmes, voire les achever », explique le fondateur de l’institut René Graphin de Nkolbisson.
D’aucuns estiment que l’usage des réseaux sociaux à l’école aiguise la curiosité des élèves. Victimes de harcèlement. Mais les réseaux sociaux n’entraînant pas tout le monde. Certains élèves ne prennent pas en considération les cours donnés par leurs professeurs via WhatsApp. « Moi je m’en tiens au cours donné en classe, parce que parfois les cours que les professeurs donnent sur les réseaux ne viennent généralement pas aux examens officiels », affirme Saidou Boubakary, élève en classe de Terminale au lycée technique de Nkolbisson.
Il y a aussi des attitudes déviantes qui militent contre ce nouveau mode d’enseignement non conventionnel. « Chaque cours crée son groupe WhatsApp. Ce qui sature déjà les téléphones avec les notifications. Avec cette multitude de groupes, certains enseignants membres ont le courage de prendre les numéros des élèves et de leur faire des messages en aparté. Et vice-versa », selon Hadjidja, élève en classe de première au lycée bilingue d’Ekorezok d’Oyomabang.
« Plusieurs élèves ont eu à prendre mon numéro pour me faire des avances dans l’espoir d’entretenir des relations extrascolaires, certains me laissent des messages », témoigne Malachie Boumzina, enseignant histoire-géographie au collège catholique Saint Jean Baptiste de Nkolokoumou. Ainsi, la question est sujette à un débat au sein de la communauté éducative. Déjà que l’usage du téléphone par les élèves dans l’enceinte de l’établissement est proscrit.
Et de manière générale, plusieurs parents d’élèves n’apprécient pas l’intrusion des réseaux sociaux dans l’enseignement. « Les enfants vont s’éloigner de leurs objectifs et s’intéresser à d’autres choses que l’école. À notre époque, la technologie n’existait pas. Mais nous avions de bons résultats à l’école et les parents ne se plaignaient pas », regrette Djamila, parent d’élève.