A cause des positions radicales de la famille biologique du défunt et celles de sa belle-famille, la cérémonie d’hommage du mouvement sportif national en mémoire de l’international camerounais s’est déroulée dans une salle du palais des Sport vidée à son tiers suite à la longue attente (plus de 2h) que n’a pu supporter certains.
Appelé en arbitre, le ministre des Sports a eu toutes les peines du monde à ramener les dissidents à de meilleurs sentiments.
C’est avec le cœur serré et très déçu que le public, venu pourtant nombreux à la grande veillée funéraire de Patrick Ekeng Ekeng au palais des Sports de Yaoundé, a quitté les lieux.
Du moins pour ceux qui ont eu le courage d’attendre que la cérémonie d’hommage au dossard 14 du Dinamo Bucarest, articulée autour de deux grands mouvements, s’achève aux alentours de 3h du matin.
Car, il fallait s’armer d’une bonne dose de patience, de tempérance et d’indulgence pour attendre plus 180 minutes assis, à écouter la chorale tuer le temps en entonnant des cantiques et des mélodies funèbres pour entretenir un public qui était à bout de nerfs.
Même les prêtres, pasteurs et imams mobilisés pour conduire la célébration œcuménique prévue pour la circonstance, a quitté la salle, lasse de piaffer d’impatience et très courroucés pour ce qui s’apparentait à un manque d’estime et de respect à leur égard.
Ces « hommes de Dieu » n’ont eu d’autre choix que d’abandonner le cercueil dans lequel gisait la dépouille de l’international camerounais, installé en plein milieu de la salle depuis son entrée à 22h.
Répartition des biens
Si dans un premier temps, beaucoup ont jeté l’opprobre sur Pierre Ismaël Bidoung Mkpatt, le ministre des Sports et de l’éducation physique qu’on attendait pour commencer cet hommage du mouvement sportif au jeune footballeur, arraché tragiquement à la vie, il y’a une semaine, on apprendra quelques minutes plus tard que ce sont les deux familles de l’ancien joueur du Canon de Yaoundé (famille biologique et belle-famille) qui sont à l’origine de toute cette pénitence.
La pomme de discorde tournerait autour de la répartition des biens.
Mais surtout, du modus operandi des multiples contributions collectives ou personnelles dont celle du président de la République Paul Biya (10 millions de Fcfa) aux fins d’organiser les obsèques et aussi de prendre soin de la petite famille que Ekeng Ekeng laisse dans le désarroi (veuve Ekeng enceinte de deux mois et la petite Kim).
A qui doit-on remettre l’argent ? Cette crise autour de la légitimité du potentiel « héritier » aurait commencé au soir de la disparition de l’international camerounais le 06 mai dernier.
La génitrice n’est pas prête de cautionner qu’après avoir élevé, éduqué et encadrer Ekeng suite au décès précoce de son papa, « l’héritage » revienne à une « femme qui n’était pas là pendant tous ces sacrifices ».
Pasteur et employé à la Crtv, elle revendique par ailleurs un billet d’avion pour la Roumanie non sans crier à l’injustice et à une cabale voire un procès en sorcellerie contre la mémoire de celui qu’elle appelait affectueusement « Patou ».
Contrat de mariage
En face, la famille de la veuve, traitée de tous les noms d’oiseaux hier à l’aéroport de Yaoundé-Nsimalen lors de l’arrivée de la dépouille de l’ancien joueur de Le Mans, n’entend pas se laisser piétiner.
Elle a du répondant et le sert à volonté.
Le défunt était pourtant légalement marié (même si dans la foulée, Camfoot a appris que les deux conjoints avaient opté pour le régime « communauté de biens séparés) et donc, protégé par la Loi camerounaise.
Le ton durcit, les positions se radicalisent. Chaque partie soutenant à grand renfort de termes procéduriers le camp auquel il appartient.
Ici on vante les bienfaits de la conclusion d’un contrat de mariage qui permet très souvent d’éviter ce genre de désagréments, puisque ce principe est de fixer les choses à l’avance en permettant aux deux tourtereaux de décider et de savoir, dès l’origine, qui sera propriétaire de quoi et dans quelles conditions.
Là, on estime que la famille de la veuve veut « sauter sur les biens et se la couler douce pendant que la pauvre maman d’Ekeng mourra de chagrin ». Ça va dans tous les sens. Les clichés et les déclarations s’amoncellent.
Bidoung Mkpatt en médiateur
Informé, Bidoung Mkpatt va tenter de jouer les médiateurs. Mais sa cape de Zorro se déchirer à la première tentative.
Les deux camps en factions bouillonnant de colère et d’agressivité, n’entendent pas écouter le conciliateur. Le patron des Sports ne démord non plus.
Il écoute, il propose, il conseille et rappelle à toute fin utile que l’image du Cameroun est en jeu et qu’au moins par respect pour la mémoire du disparu, les deux familles gagneraient à trouver un compromis.
Il faudra attendre la 5e réunion de crise pour que les « dissidents » décident de regagner la salle principale, à moitié vide, pour écouter la prière finalement dite par un pasteur de la Cathédrale de la Foi du Révérend Dieunedort Kamdem.
Lorsque nous quittions le palais des Sports, on annonçait que des 10 millions de Paul Biya ont été divisé en deux pour contenter les deux camps soit 5 millions chacun.
Mais l’apparente accalmie qui se dégageait cache mal le « grand déballage » que promettent les familles ce jour à Ngousso lors de l’inhumation.
Entre promesses sous cape d’ouvrir la boite de Pandore et nouveaux atermoiements, le dernier jour de Patrick Ekeng Ekeng sur terre, se passe de commentaires. Une vraie honte !