Transmises en main propre au président français Emmanuel Macron le 06 octobre dernier, elles portent sur des domaines variés dont l’innovation, la démocratie, les migrations, l’emploi des jeunes, etc.
Il a fallu environ cinq mois (mars-juillet 2021) à l’historien et philosophe camerounais Achille Mbembe pour rendre sa copie à propos du « Nouveau Sommet Afrique- France », ouvert hier jeudi, le 8 octobre à Montpellier. Le document de 142 pages, intitulé « Les nouvelles relations Afrique – France : Relever ensemble les défis de demain » a été remis en main propres le 06 octobre dernier à Paris au président français, Emmanuel Macron, qui a missionné l’universitaire camerounais « de préparer cet échange en amont », par le biais d’un cycle de discussions dans douze pays africains et au sein de la diaspora africaine de France.
Selon les propres mots d’Achille Mbembe, « le présent document n’est pas un rapport au sens strict du terme. Il n’est pas non plus une étude (…) » Il s’agit plutôt « d’une contribution destinée à accompagner l’expérience inédite qui vient d’avoir lieu et à en restituer les acquis dans l’espoir d’enrichir la démarche d’ensemble ». Ladite « contribution » est assortie de 13 propositions nourries par « plus de 65 débats et rencontres » entre acteurs d’une quinzaine de nationalités (Afrique du Sud, Angola, Kenya, Rdc, Cameroun, Nigeria, Mali, Côte d’Ivoire, Tunisie, la France…). Majoritairement constitués de jeunes (entre 20 et 35 ans), les participants (plus de 3600) ont des profils variés dont des étudiants, des entrepreneurs, des professeurs, des sportifs, des avocats, des journalistes, des banquiers, etc.
Démocratie
Il est premièrement question de « créer le Fonds d’innovation pour la démocratie ». D’une dotation initiale projetée à « 15 millions d’euros », « le Fonds ne financerait pas des partis ou des mouvements politiques », mais il viendrait plutôt « en appui aux initiatives des sociétés civiles » impliquées dans « la promotion des droits humains et le renforcement de l’État de droit et de la démocratie ». En deuxième lieu, « bâtir la Maison des mondes africains et des diasporas » afin de promouvoir la création africaine et diasporique, cette « Maison » pourrait être baptisée « Maryse Condé, la femme de culture qui aura le mieux incarné ces multiples appartenances au cours du XXe siècle ». La troisième proposition consiste à « enclencher le Programme Campus nomade ».
Avec « 5 millions d’euros » pour un début, ce programme est « une réponse directe à l’extraordinaire demande de mobilité, de circulation et de connaissance (…) dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la recherche ». Cette proposition est suivie de la nécessité d’« initier le Forum euro-africain sur les migrations » pour mieux adresser le phénomène de l’immigration clandestine. Achille Mbembe & Cie proposent aussi de lancer une « Plateforme de débats Afrique-France ».
Start-Ups Africa
Dans le renouveau des relations entre l’Afrique et la France, l’on suggère également de « relancer la dynamique de restitution et expérimenter les musées de demain » ; « accompagner la jeunesse africaine vers l’emploi ». La création d’une « Commission intercontinentale sur la transparence économique », laquelle « établirait une cartographie des investissements et de la présence économique internationale sur le continent africain, sur la base des déclarations des entreprises ». Il faudra aussi « développer le programme Start-ups Africa France », à travers un financement « par les budgets supplémentaires à la feuille de route de Digital Africa (30 millions d’euros) et par un soutien de 2 millions d’euros pour la phase de lancement ».
Sur le climat et la biodiversité, il faudrait « faire entendre la voix de l’Afrique ». L’on parle aussi de « transformer l’aide publique au développement ». Historien qu’il est, Achille Mbembe souhaite un changement dans l’imaginaire de certains Africains, enclins à réciter l’histoire entre l’Afrique et la France comme « une antienne ». Pour cela, il faudrait « tisser un nouveau narratif entre l’Afrique et la France ». Pour achever, il préconise la refondation des relations avec l’Europe du XXIe siècle.