Comment le régime Biya avait persécuté Lapiro de Mbanga jusqu’à sa mort

De fausses accusations furent montées contre lui

Sun, 13 Mar 2022 Source: www.camerounweb.com

Il fut emprisonné plusieurs fois

De fausses accusations furent montées contre lui

Il mourut en exil et son corps fut incinéré

Lapiro de Mbanga est sans conteste le chanteur camerounais le plus populaire de la fin des années 80 et du début des années 90, période caractérisée en Afrique par des revendications politiques et sociales de toutes sortes. Un grand héros de l'opposition camerounaise, pour ses paroles, chantées en français et en pidgin (argot des rues, mélange d'anglais et de langues locales), qui attaquent les politiciens (« véreux, affameurs, corrompus… ») et dénoncent les travers de la société, il subit les foudres de ladite opposition le jour où celui que son public surnomme « Ndinga Man » (« l'homme guitare ») remet en question la stratégie de celle-ci.

En 2008 lors des émeutes de la jeunesse contre la vie chère et contre le projet de modification de la Constitution initié par le chef de l'Etat dans le but de briguer un nouveau mandat. Lapiro de Mbanga fut inspiré d’un single intitulé, Constitution constipée qui fut censuré sur les ondes. Il fut arrêté et jeté en prison et condamné à trois ans de prison.

A la fin de sa détention, en septembre 2011, pendant laquelle plusieurs campagnes de soutien sont lancées, notamment par Freemuse (organisation internationale basée au Danemark œuvrant pour la liberté d'expression des musiciens et compositeurs dans le monde entier) relayées par le magazine français en ligne Mondomix, il dépose une plainte pour détention arbitraire contre l'Etat du Cameroun devant le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l'homme. Il obtient gain de cause et demande l'asile politique aux Etats-Unis.

Lapiro de Mbanga écrivait des textes au vitriol. « Je suis un contestataire. J'informe, je dénonce, je crie. Je tire les sonnettes d'alarme, martelait le musicien. Je suis issu d'un continent pillé, qui se meurt et sans avenir. Comment pourrais-je me contenter de faire seulement danser les gens, sans leur rappeler leurs responsabilités, sans leur dire qu'il y a un combat à mener pour sortir de la misère. Je me sentirais vraiment mal à l'aise à chanter la gaieté, l'amour, la légèreté. Dans mon pays, la réalité n'a rien à voir avec tout cela. »

Il refusa la libération conditionnelle qui lui fût proposée et purgea cette peine qui prit fin le 8 avril 2008. Il fut contraint à l’exil aux USA où il fut terrassé par un cancer.

En 2012, il quitte le Cameroun avec son épouse et ses enfants pour les États-Unis où il obtient le droit d’asile.Il est décédé le 16 mars 2014 à New York et est incinéré conformément à ses dernières volontés.

Il fut tellement déçu par son pays et ses dirigeants qu’avant de mourir, il souhaita être incinéré et exigea que ses restes ne soient jamais ramenés au Cameroun.

« Sur la pierre des morts croît l’arbre de grandeur. » Alfred de Vigny

En 2013, Lapiro de Mbanga était l’un des speakers à la Oslo Freedom Forum, une conférence internationale sur les droits humains où se retrouvent d’anciens Chefs d’Etat, des lauréats du Prix Nobel de la paix, des prisonniers de conscience ( ou politiques). Il en a profité pour dénoncer la situation des droits de l’homme au Cameroun.

Le régime ne va pas apprécier cela, bien qu’en exil, Lapiro dérange. Le régime va inventer une sombre histoire de viols pour accabler Lapiro et l’anéantir.

Source: www.camerounweb.com