Augmentation des prix des premières nécessités et psychose générale, l'impact du blocus sur la ville de Tombouctou, au Mali, commence à se faire sentir.
À Tombouctou, on vit dans le stress depuis que les djihadistes ont imposé un blocus sur cette ville du Nord du Mali. Le 8 août dernier en effet, le commandant du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GNIM) dans la région de Tombouctou, Tahla Abou Hind, demandait à ses combattants d’arrêter les camions en provenance d’Algérie et de Mauritanie vers Tombouctou.
Depuis lors, la ville vit « sous embargo ». Plusieurs axes routiers sont bloqués par des groupes armés. Sur l’axe, Tombouctou- Goundam, long de 90 km, il est difficile de voyager avec de la marchandise.
« Les plus entêtés sont appelés à se séparer de leurs bagages pour qui souhaitent continuer le voyager », constate un habitant de la ville de Tombouctou.
De plus, le bateau considéré jusqu’à tout récemment comme le moyen le plus sûr, n’est plus possible. La Compagnie Malienne de Navigation (COMANAV) ayant suspendu la navigation de sa flotte après l’attaque du 07 septembre dernier sur le bateau civil « Tombouctou » qui a fait au moins 49 civiles et de nombreux blessés.
Ce blocus sur Tombouctou rappelle celui sur la ville de Boni, dans la région de Mopti, dans le centre du Mali, en mai 2022. La Katiba Serma, membre du GNIM punissait ainsi les habitants, accusés notamment de collaborer avec l'armée malienne et ses partenaires russes.
Des négociations menées entre les groupes armés et les représentants locaux avaient permis de lever le blocus en septembre de la même année.
Les attaques djihadistes se sont intensifiées tout récemment dans le Nord du Mali. La MINUSMA a recemment été poussée à quitter le pays, laissant ses bases à l’armée malienne. Cependant, les groupes séparatistes n’apprécient pas ce transfert de base. Ils estiment que leur contrôle devrait leur revenir.
En 2015, les anciens rebelles ont signé un accord de paix avec les autorités maliennes pour mettre fin à leur activisme armé. Avec ce blocus, l'accord est de facto remis en question, estime l'analyste politique Ahmedou Ould-Abdallah.
«C'est au gouvernement malien de choisir les moyens et les ressources pour mettre fin à cette crise qui dure » explique-t-il avant d'ajouter que « les autorités doivent consulter tous les notables de Bamako et de la région du Nord, tous ceux qui se présentent comme djihadistes et qui ne le sont peut-être pas; mettre en place un processus pour trouver un accord. »