Selon un article exclusif de Jeune Afrique, les stratèges de Paul Biya, le président camerounais, planchent sur une loi modifiant les conditions d'éligibilité à la magistrature suprême. Si cette loi était proposée et adoptée par l'Assemblée, plusieurs opposants pourraient se voir écartés de la course à la présidentielle de 2025.
Les stratèges de Paul Biya ont intensifié les manœuvres en coulisses à un an de la présidentielle de 2025. En août 2023, quinze organisations de la société civile et sept partis d'opposition ont proposé une modification consensuelle et participative du code électoral. Le projet a ensuite été transmis à la présidence de la République, qui n'a pas encore réagi officiellement, mais des discussions approfondies ont eu lieu en coulisses concernant les implications de ce projet.
Selon Jeune Afrique, les stratèges de la présidence envisagent d'ajouter l'obligation, pour tout candidat qui voudrait être investi à l'élection présidentielle par un parti politique, d'avoir milité trois ans au sein de cette formation. De plus, le projet en gestation dans les bureaux de Ferdinand Ngoh Ngoh instaurerait une autre obligation pour les candidats à la présidentielle : être investi par un parti politique représenté au Parlement ou se présenter en tant qu'indépendant. Dans ce dernier cas, le candidat devrait être parrainé par au moins 300 personnalités de toutes les régions, soit trente par région.
Ces modifications ciblées pourraient disqualifier d'emblée des candidats potentiels à la présidentielle de 2025, selon Jeune Afrique. Maurice Kamto, leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) et principal opposant, ainsi que Cabral Libii, député et président du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN), seraient notamment visés.
Kamto, qui a boycotté les dernières élections législatives et municipales, ne dispose pas des élus nécessaires pour satisfaire aux exigences actuelles pour une candidature présidentielle. Si la présidentielle devait avoir lieu avant les prochains scrutins locaux, il serait donc obligé d'en passer par le système des 300 parrainages dans un pays globalement verrouillé par le RDPC.
Cabral Libii, bien que disposant d'élus au sein de l'Assemblée nationale, pourrait lui aussi se voir écarté. Robert Kona, l'un des cadres fondateurs de son actuel parti, lui conteste en effet la présidence de la formation. Une bataille judiciaire est en cours, arbitrée par le ministre de l'Administration territoriale Paul Atanga Nji, et Libii pourrait être légalement évincé. Il devrait donc se reporter sur un autre parti, sans élu, et passer par les parrainages.
Il sera intéressant de voir comment l'Assemblée nationale et les partis politiques réagiront à ces propositions et si elles seront adoptées. Les modifications ciblées pourraient disqualifier d'emblée des candidats potentiels à la présidentielle de 2025, ce qui pourrait entraîner des tensions et des protestations dans le pays.