Communauté urbaine de Douala : 4,5 milliards disparus

4,5 milliards disparus

Tue, 26 Oct 2021 Source: Le Messager

A ce jour, les épargnants dans l’expectative n’ont jamais reçu de dividendes. Quid des projets de l’extension du marché New-Deïdo, de la construction du Centre de loisirs de la Bessékè…

A peine trois ans après sa création, la Smid broie du noir. Un communiqué du conseil de la Communauté urbaine de Douala (Cud) annonçait déjà les couleurs, à l’issue de son assemblée générale du 31 mars dernier, portant sur l’examen du compte administratif de l’exercice clos au 31 décembre 2020.

Ledit conseil ne déclarait-il pas « avoir pris connaissance de la situation qui prévaut à la Société métro- politaine d’investissement dont les informations financières disponibles font état d’un résultat d’exploitation déficitaire après plus de deux ans d’activités, d’investissements à l’arrêt et sans perspective de reprise, d’une trésorerie inexistante, ainsi que des charges de fonctionnement disproportionnées, toutes choses qui ont absorbé la totalité du capi- tal social initial et compromettent la continuité de l’exploitation de cette société ».

Par conséquent, le conseil de Cud avait «enjoint le maire de la ville de Douala de défendre, sans concession, dans le cadre des procédures judiciaires en cours, d’une part, les intérêts de la ville de Douala dont l’engagement financier direct s’élève à environ 2,5 milliards de Fcfa, et d’autre part, ceux des petits souscripteurs qui avaient été convaincus par l’engagement de la Communauté urbaine de Douala dans ce projet et qui se retrouvent aujourd’hui sans perspective de retour sur investissements». Pour tout dire, les signaux de cette déconfiture se sont signalés depuis le 12 février 2021, lorsqu’un magistrat du tribu- nal de première instance de Douala a signé un jugement en référé ordonnant la mise de l’entreprise sous administration provisoire.

Un peu plus d’un mois plus tard, l’assemblée générale mixte (ordinaire et extraordinaire) de la Smid, convoquée par son président du Conseil d’administration, Dr Fritz Ntonè Ntonè, prévue le 25 mars 2021, n’a pas pu se tenir. En effet, le tri- bunal de première instance (Tpi) de Douala- Bonanjo, statuant en matière de référé d’heure à heure dans l’affaire opposant la Smid S.a., agissant poursuites et diligences de son administrateur provisoire, sieur François Maurice Njoh, contre sieur Fritz Ntonè Ntonè, portant interdiction de toute Assemblée générale convoquée par ce dernier, a prononcé l’inter- diction de la tenue de cette assise quali- fiée d’illégale. Une sentence rendue dans l’après-midi du 23 mars 2021.

Le tribunal motive sa décision par les multiples dysfonctionnements constatés à la Smid S.a., sous l’ère Fritz Ntonè Ntonè, notamment l’absence d’Assemblée générale légalement convoquée depuis l’assem- blée générale constitutive du 17 août 2018 ; sa cooptation comme administrateur, alors qu’il ne détient pas d’actions, et sa nomination comme président du Conseil d’administration, par le canal d’un mécanisme illégal, opéré en violation des statuts de la Smid et de l’acte uniforme Ohada portant droit des sociétés commerciales et Groupement d’intérêt économique ; la désignation le 12 février 2021, par ordonnance n°68/Hh, du président du tribunal de première instance de Douala- Bonanjo, statuant en matière de référé d’heure à heure, d’un administrateur pro- visoire en la personne de sieur François Maurice Njoh, laquelle désignation de fait, dessaisit de plein droit les organes sociaux de leurs pouvoirs et prérogatives.

Cette désignation, argue le tribunal, fait suite à la paralysie provoquée par le non-renouvellement du mandat des administrateurs et du président du Conseil d’administration arrivé à terme et la non-tenue de l’Assemblée générale légale. Une addition d’actes extrêmement préjudiciables à la Smid S.a., susceptibles de provoquer sa faillite… la suite on la connait. A en croire des sources dignes de foi, l’administrateur provisoire n’avait pas accès aux comptes, suite à une opposition engagée auprès du tribunal par Fritz Ntonè Ntonè. Ce qui a paralysé son fonctionnement.

Il a fallu attendre l’ordonnance du Tpi de Bonanjo- Douala, datée du 12 août 2021, pour entrer en possession des relevés de compte et constater que les mou- vements continuaient d’être opérés par l’ancienne équipe. C’est ainsi qu’un décaissement de 115 millions de Fcfa aurait été effectué, alors que la banque avait, par courrier, demandé de surseoir à toute opération, en attendant la décision du tribunal. Une décision qui devait pourtant être valable pour les deux parties. De là à parler de complicité de détournement, il n’y a qu’un pas, facile à franchir.

Créée le 18 août 2018, la Société métropolitaine d’investissements de Douala (Smid) avait réussi à mobiliser 5,4 milliards de Fcfa sur les 10 milliards solli- cités, pour constituer son capital social. Avec pour objectif de collecter à terme 1400 milliards Fcfa, afin de construire certaines infrastructures dans la capitale économique. A ce jour, de nombreux épar- gnants n’ont jamais reçu de dividendes.

Plus grave, cette société sur qui reposait beaucoup d’espoir broie du noir. Et du coup les projets de l’extension du marché New-Deïdo, de la construction du Centre de loisirs de la Bessékè… aux oubliettes.

Source: Le Messager