L’institution va conduire une étude sur la perception du phénomène dans les administrations publiques. 13000 personnes seront sondées.
On se croirait dans une fourmilière quand on est au rez-de-chaussée du compartiment qui abrite les services de la Commission nationale anti-corruption (Conac) au palais des Congrès. Jeudi dernier, les photocopieuses fonctionnaient à plein régime pour livrer les quatre pages du questionnaire auquel seront soumis les usagers des services publics dans les prochains jours. Lundi, il ne restait plus qu’un seul gros carton rempli de feuilles agrafées.
« C’est le dernier lot des questionnaires destinés aux enquêteurs qui travailleront à l’Extrême-Nord. Tous les paquets ont déjà été acheminés dans les neuf autres régions », explique un cadre de la maison.
C’est une enquête grandeur nature à laquelle la Conac et la Coalition pour la lutte contre la corruption vont se livrer sur l’ensemble du territoire.
13000 personnes sont visées. Cet échantillon se recrute parmi les utilisateurs des services publics (ministères, délégations régionales, départementales et d’arrondissements). Le questionnaire est basé sur la méthode « PRECIS » (prévention, éducation, conditions, incitation et sanction).
Sur la prévention de la corruption, on évaluera la transparence et l’efficacité des outils. Les sondés vont juger si les coûts des prestations sont affichés, les textes et lois du secteur diffusés et disponibles, la composition des dossiers visible. Ils s’assureront de la qualité de l’information donnée à l’usager, le niveau de complexité des procédures…
On évaluera aussi l’efficacité en jaugeant les délais de traitement des dossiers, l’ordre de traitement des dossiers, les mécanismes de suivi ou si l’on demande des pièces fantaisistes. Par ailleurs, il s’agira de savoir si les agents publics sont intègres au service, s’il existe une boîte à suggestion ou de dénonciation…
Etant donné que les conditions de travail sont un facteur favorisant ou limitant le fléau de la corruption, les personnes visées par l’enquête devront dire comment ils les perçoivent dans les administrations.
En fait, cette grande enquête survient après que la Conac a évalué les plans d’actions régionaux de lutte contre la corruption. A en croire les premiers résultats dans les six régions déjà dépouillées, « les agents publics disent que la corruption a diminué principalement dans les secteurs de la santé, l’éducation, l’agriculture et les Forces du maintien de l’ordre », indique notre source.
Il est question pour la Conac de connaître l’opinion des usagers qui ont recours à ces administrations. Les sondeurs ont achevé leur formation à Yaoundé, la semaine dernière. La collecte va durer une semaine sur le terrain. Une fois les résultats connus, la Conac voudrait poursuivre l’expérience de manière à publier un classement annuel des administrations les plus intègres.