Jean de Dieu Momo, ministre délégué auprès du ministre de la Justice du Cameroun, a été condamné par un tribunal français à payer une amende de 1 000 euros et à verser 4 000 euros de dommages et intérêts à l'avocate Félicité Zeifman, ainsi que 2 000 euros au titre des frais de justice. Cette condamnation fait suite à des propos injurieux tenus par le ministre en 2020.
Le 1er mai 2020, Jean de Dieu Momo avait écrit sur un groupe Whatsapp d'avocats et de juristes camerounais ou d'origine camerounaise : "Laissez-moi avec la guenon qu'on termine cette querelle". Cette publication avait suscité 240 commentaires et 13 partages. Quelques jours plus tard, il avait également qualifié Félicité Zeifman de "primate" sur sa page Facebook, fustigeant son "nom d'emprunt étranger" (en réalité son nom marital) et l'accusant d'"escroquerie intellectuelle à ciel ouvert".
Lors de l'audience au tribunal judiciaire de Paris, le 27 septembre, Félicité Zeifman avait expliqué qu'elle ne connaissait pas personnellement le ministre, mais qu'il développait une particulière animosité à son égard parce qu'elle était la fille d'une personnalité importante du Cameroun et qu'elle se positionnait comme une opposante au pouvoir en place. L'avocate de Jean de Dieu Momo avait nié toute intention raciste et affirmé qu'il s'agissait d'échanges à dimension politique.
Ancien avocat, notamment auprès du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), Jean de Dieu Momo est un ancien opposant au régime du président Paul Biya, au pouvoir depuis 1982. Il avait été candidat à l'élection présidentielle de 2011, avant d'entrer dans le gouvernement du Premier ministre Joseph Dion Ngute en janvier 2019.
Jean de Dieu Momo avait déjà créé la polémique en février 2019 en tenant des propos antisémites à la télévision, dénonçant "l'arrogance" des "juifs" dans les années 1930 en Allemagne, "un peuple qui était très riche, qui avait tous les leviers économiques". Yaoundé avait alors exprimé à Israël ses "sincères regrets" et affirmé se "dissocier" de propos tenus "à titre personnel", sans pour autant annoncer de sanctions contre le ministre.
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