Conférence anglophone: un patriarche du Mfoundi met en garde Paul Biya

10567 XEtoudi170815750.pagespeed.ic.lqJR31fCbc La conférence des anglophones initiée par le Cardinal Tumi devrait se tenir en août prochain

Tue, 7 Aug 2018 Source: Quotidien L’Epervier N° 1164

L’initiative du Cardinal Christian Tumi de réunir les anglophones autour d’une table pour la recherche des solutions au problème dit anglophone pourrait faire des émules à en croire certains observateurs. Ils estiment que la conférence des anglophones pourrait ouvrir une brèche à l’organisation plus ou moins clandestine des autres conférences « tribales » qui devraient fragiliser encore plus l’unité nationale.

Si le gouvernement autorisait la tenue d’une conférence des anglophones dans un pays qui compte des centaines d’ethnies, on s’attendrait à la réaction des autres régions du pays qui pourraient se prêter à ce jeu dans les prochains mois. Cette réflexion vient d’un patriarche du département du Mfoundi, très attaché à l’unité du pays et au vivre ensemble des Camerounais.

Selon ce dernier, ce sont ces deux valeurs qui ont été jusqu’à ce jour à la base du succès du Cameroun dans tous les domaines. Les conférences des Bamileké, des Bassa du Nyong et kelle et de la Sanaga Maritime, des musulmans des régions septentrionales, des chrétiens et kirdis des mêmes régions, des communautés de la région de l’Est, des Bétis et des Sawa, pour ne citer que ceux-là, pourraient rythmer la vie du Cameroun dans les prochains mois. Si au terme de cette conférence des anglophones que veut présider Mgr Christian Tumi, des concessions qui ne respecteraient pas des équilibres seraient concédées aux anglophones.

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Il ne faut certes pas néglige une piste pouvant conduire à la paix dans les régions du Sud-ouest et du Nord-ouest. Mais il faudrait avoir la lucidité de reconnaitre qu’une conférence des anglophones dans un Cameroun multiethnique, multiconfessionnel et multiculturel, est une initiative qui ouvre la voie à un chao sociopolitique. Les Camerounais pourraient-ils encore cohabiter pacifiquement dans toutes les villes et villages du pays comme ce fut le cas depuis l’indépendance, la réunification et l’unification ?

La fibre tribale n’a jamais été mise au-dessus des intérêts communs et mêmes des lois. On sait que ni personne, ni une tribu ou région n’a le monopole des violences. Il est à craindre que les troubles à coloration tribale qui secouent les régions anglophones depuis bientôt deux ans, ne puissent être délocalisées dans certaines régions francophones lorsque le gouvernement serait convaincu d’avoir ramené la paix dans les régions de la zone anglophone.

La paix dans les divisions: Impossible

Les problèmes de survie quotidienne, de déficit des infrastructures et d’épanouissement que connaissent les Camerounais, aujourd’hui, ne se limitent pas aux seules régions de la partie anglophone. Le fait de ne pas le reconnaitre comme le font certains leaders d’opinions est un dénie des réalités locales qui vise à embraser le pays. La conférence des anglophones résoudra-t-elle les problèmes des populations de l’Extrême-nord qui sont les premières victimes des attaques terroristes et de leurs conséquences ?

Résoudra-t-elle celles de la région de l’Est qui vivent les coupures intempestives du courant électrique, des pénuries d’eau potable, des problèmes de route et des infrastructures sociales qui existent pourtant dans les régions de la zone anglophone ? Christian Tumi et les autres initiateurs de cette conférence des anglophones devraient assumer leurs responsabilités dans la balkanisation programmée du Cameroun.

Leur démarche pouvait être efficace si le Cameroun était un pays composé de deux ou trois ethnies. Mais le Cameroun en compte des centaines.

Source: Quotidien L’Epervier N° 1164