Selon des documents en circulation, un projet de loi ayant trait à la révision de la Constitution est en examen à la Commission des Lois Constitutionnelles depuis le 2 juillet 2022.
Lors de la session parlementaire de mars dernier, la presse a ébruité le projet d’instauration d’un poste de vice-président de la République. De toute évidence, ce projet a été remis au goût du jour lors de la session en cours. Le projet de loi n°2025/Pj/An, reçu à la commission des lois constitutionnelles, et qui fera l’objet d’une discussion générale lors d’une séance plénière le 4 juillet, avant un autre examen en plénière le mercredi 6 juillet, fait déjà des gorges chaudes.
Sans être dans les secrets des dieux, on annonce outre l’instauration d’un poste de vice-président de la République, un amendement sur la limitation de l’âge des candidats à-la présidentielle. Ces deux amendements surviendraient dans un contexte marqué par des jeux et des enjeux de succession alimentés par le grand âge du chef de l’Etat et son magistère jugé interminable.
La Constitution actuelle, fait du président du Sénat, le successeur du chef de l’Etat en cas de vacance et lui donne 40 à 120 jours pour organiser une élection présidentielle à laquelle il ne peut prendre part. Le constat de la vacance relève des prérogatives du Pan qui saisit à cet effet le Conseil constitutionnel. Il apparaît que tous les acteurs d’un processus de transition au Cameroun, sont tous des octogénaires. Situation qui fait de grande incertitude sur la stabilité du Cameroun et sur la sincérité des acteurs de la transition.
Avec la mise sur pied du Sénat, l’actuel PAN a voulu migrer vers le perchoir de cette nouvelle institution, conscient des enjeux. Ce n’est pas un personnage à la moralité établie. Pour preuve, ses multiples actes de désinvolture envers la présidence accordée au président du Sénat lors des cérémonies officielles.
C’est un président du Sénat confronté à de nombreux soucis de santé et aux évacuations sanitaires ces derniers temps. Bien qu’il soit le cadet du chef de l’Etat d’un an, Niât Njifenji Marcel semble exercer son second mandat au Sénat pratiquement sur les rotules. Miraculé du coup d’Etat du 6 avril 1984, il porte une part du mystère des arcanes du pouvoir d’Ahmadou Ahidjo à Paul Biya.
Dauphinat
Qui pour occuper les fonctions de vice- président. de la République ? De multiples cas de figure s’offrent à l’analyste politique. Pour apaiser les tensions sociopolitiques issues de la crise dite anglophone ce poste pourrait échoir à un ressortissant du Nord-ouest ou du Sud-ouest, sous le modèle de la Constitution fédérale, avec John Ngu Foncha puis plus tard. Tanden Muna comme vice- président de la République.
Au moment où l’Afrique est sujette à une vague de succession monarchique, la tentation dynastique pourrait-elle propulser Franck Biya à ce fauteuil sous le modèle Equato-guinéen, avec Teodorien Obiang Nguema ? Il ne faut doute de rien. Les galops d’essai du mouvement des Franckistes n’ont été ni confirmés, ni désavoués par le principal concerné.
Après 12 années passées au secrétariat général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh charrie toutes les passions imaginables. De le voir au fauteuil de vice-président de la République, le positionnerait du coup comme le dauphin désigné pour assure la transition, et au besoin, organiser la présidentielle de 202S. Un scénario qui pourrait cependant faire face à la désapprobation des faucons de l’establishment.
Tout reste maintenant à savoir quelles seront les prérogatives d’un vice-président de la République. Ne disposant pas d’un mandat électif, sa légitimité pourrait prêter à caution au regard des batailles successorales qui font fureur au Cameroun actuellement. Le confiner a un rôle essentiellement honorifique, reviendrait à alimenter les prétentions et les ambitions successorales avec un risque de faire basculer le Cameroun dans une zone de turbulences après Paul Bjya.