L’information n’est pas encore officielle au Cameroun. Mais elle circule déjà abondamment dans certains milieux de la presse panafricaine basée à Paris. En effet, selon nos sources, l’ambassade de France au Cameroun est sur le point de mettre sur pied un « Conseil de la jeunesse ». Une initiative qui ferait suite aux résolutions du Sommet de juillet 2021 entre l'Elysée et certains jeunes Africains. Selon nos sources, le Cameroun serait le tout premier pays qui suscite un intérêt tout particulier de la France. L’on se souvient qu’au cours du dernier sommet France-Afrique dans sa nouvelle formule, la France n’avait pas caché sa volonté de mettre en place un « Fonds d'innovation pour la démocratie » d’un montant de 30 millions d'euros, soit environ 20 milliards de Fcfa. Au niveau de l’ambassade de France au Cameroun, il serait temps de mettre en œuvre les résolutions du dernier sommet de l’Elysée. Seulement il n’échappe pas aux yeux de quelques observateurs que l’initiative française trouve qu’il existe déjà un autre « Conseil de la jeunesse » au Cameroun du nom de « Conseil national de la Jeunesse ». Alors question : pourquoi c’est au Cameroun que la France choisit de lancer son initiative en premier?
Pour répondre à cette interrogation, des analystes pointilleux indiquent que la nouvelle version du sommet France-Afrique, unilatéralement conçue par Paris ne serait qu’un aveu de perte progressive de la mainmise de la France sur son précarré. Elle aurait donc trouvé judicieux de reconstruire une nouvelle élite et une nouvelle classe de dirigeants qui seront acquis à sa cause. Ceci, afin de redonner à la France la place qu'elle a toujours occupée jusqu'aux années 2000. A en croire ces mêmes analystes, si en Afrique de l’Ouest, les leaders sont encore acquis à la cause française, tel n’est pas le cas avec les chefs d’Etat de la Cemac dont la longévité au pouvoir a permis de diluer l'influence de la France et de la neutraliser par d'autres puissances.
CONSEIL DE LA JEUNESSE
L'Elysée étant aujourd’hui incapable de les manipuler à sa guise, elle trouve mieux de les contourner en instrumentalisant une société civile avide de pouvoir et susceptible d’être de défendre ses intérêts. Dans le contexte actuel donc, le Cameroun serait un excellent laboratoire pour expérimenter ce fameux Conseil de la jeunesse. Avec les dernières tensions sociales marquées par des revendications corporatistes des enseignants à travers le mouvement « On a trop supporté- Ots », aux yeux d’une certaine opinion c’était une savante manœuvre pour mettre le régime de Paul Biya à mal. Et cela n’a pas échappé au gouvernement. Dès lors à travers la démarche française, on comprend mieux la sonnette d'alarme de certains intellectuels camerounais qui subodorent que l’Hexagone voudrait distraire la jeunesse camerounaise, sans toutefois penser à renoncer à cette pratique esclavagiste qui consiste à obliger plus de 14 pays à se soumettre à un mécanisme de duperie économique à ciel ouvert à travers le Fcfa. Du coup, tout porte à croire que la France est en pleine manœuvre dans la succession au sommet de l’Etat au Cameroun. Ce qui ouvrirait alors la voie à une nouvelle brouille entre Paris et Yaoundé. Vrai ou faux? De sources concordantes indiquent que c’est pour cela que Christophe Guilhou, présenté il n’y a pas longtemps comme très proche du président Paul Biya, ne serait plus le bienvenu au palais de l’Unité. Et pourtant, depuis près de deux ans, Christophe Guilhou ne passait pas deux mois sans être reçu par Paul Biya à Etoudi. Sa dernière apparition au palais de l’Unité remonte en effet au mois de mars 2020, au début de la crise sanitaire du Covid 19. Ceci, après une audience du 22 février 2021, au cours de laquelle Christophe Guilhou avait apporté un cinglant démenti à cette information profusément colportée par les partisans de Maurice Kamto, annonçant la mort du président Paul Biya. L’ambassadeur de France avait même été conspué par ces partisans du Mrc qui n’avaient pas eu de cesse de demander au Quai d’Orsay son remplacement à Yaoundé. C’est dans la même foulée que Christophe Guilhou sera également reçu en audience à Etoudi le 16 avril et le 3 juin 2021. Alors question : qu’est-ce qui s’est passé pour qu’aujourd’hui, il ne soit plus en odeur de sainteté avec le locataire d’Etoudi ?
Ceux qui ont leurs entrées à Etoudi confient que lors des fréquentes audiences, le diplomate français se serait toujours employé avec une assiduité suspecte à demander à son « ami » de lui confier l’identité de son successeur. Pire, il serait même allé jusqu’à lui conseiller quelques noms de ses proches collaborateurs ayant le profil de l’emploi (la liste de ces proches collaborateurs dans nos prochaines éditions). Seulement, indiquent nos sources, le président Paul Biya n’aurait pas particulièrement apprécié cette attitude de Christophe Guilhou. La crise de confiance entre les deux « amis » se serait davantage aggravée récemment avec cette histoire d’un câble diplomatique envoyé au Quai d’Orsay qui prétendrait que le « pouvoir de Yaoundé est agonisant ». Une histoire qui a coïncidé avec l’arrivée au Cameroun du nouvel ambassadeur, envoyé spécial pour la diplomatie en Afrique, Sylvain Itté, tout premier occupant dudit poste. Sa visite avait entre autres objectifs, de valoriser l’action française en Afrique et à établir des liens non pas avec les dirigeants africains, mais avec les sociétés civiles africaines. La création du « Conseil de la jeunesse » par l’ambassade de France au Cameroun se situerait donc en droite ligne de cette stratégie de reconquête d’un des pions essentiel de son pré carré. A titre illustratif, le 6 avril dernier, de nombreux jeunes scolaires se sont retrouvés à l’ambassade de France pour célébrer, à leur manière, la journée mondiale du sport pour le développement et la paix. L’oiseau a vu le caillou…