Le secrétaire d'État américain Antony Blinken se rend au Kenya, où il discutera du conflit dans l'Éthiopie voisine.
Les citoyens américains et britanniques sont invités à quitter l'Éthiopie "tant que des vols commerciaux sont disponibles", selon les termes d'un ministre britannique.
Ces conseils alarmants, qui font écho à ceux de Kaboul en août, sont émis alors qu'une force rebelle de la région du Tigré, au nord du pays, semble vouloir s'attaquer à la capitale, Addis-Abeba.
Un an après le début de la guerre civile, qui laisse une crise humanitaire dans son sillage, le chœur des préoccupations extérieures se fait de plus en plus entendre.
Les pressions diplomatiques africaine et américaine s'intensifient, car ce qui se passe en Éthiopie a d'énormes répercussions sur le reste de la région et sur le monde entier.
L'Éthiopie, pays enclavé, est limitrophe de six pays, dont deux connaissent déjà des conflits - le Sud-Soudan et la Somalie - et un autre, le Soudan, vient de connaître une prise de pouvoir militaire.
L'Éthiopie compte des troupes dans la mission conjointe de l'Union africaine et des Nations unies qui combattent les militants islamistes en Somalie, et l'on craint qu'elles ne soient retirées si leur retour au pays s'avère nécessaire.Avant de partir pour sa tournée africaine, M. Blinken prévient qu'un conflit ouvert serait "désastreux pour le peuple éthiopien et pour les autres pays de la région".
Des troupes d'Érythrée combattent déjà en Éthiopie et une crise prolongée pourrait attirer d'autres voisins.
Mais des pays plus lointains pourraient être également impliqués.
Le mois dernier, l'agence de presse Reuters souligne que la Turquie accepte de vendre des drones militaires à l'Éthiopie. Cet accord menace les relations de la Turquie avec l'Égypte, qui a sa propre dispute avec l'Éthiopie au sujet d'un barrage massif sur le Nil, ajoute le rapport.
L'Éthiopie achète également des armes chinoises et iraniennes, et des vols décollant des Émirats arabes unis sont utilisés pour les transporter, rapporte le site web de défense Oryx.
Du point de vue des États-Unis, l'Éthiopie est longtemps considérée comme un allié fiable, notamment pendant la "guerre contre le terrorisme".
Elle combat les militants islamistes en Somalie sur la ligne de front de ce conflit et a offert aux États-Unis l'utilisation de son espace aérien pendant la guerre d'Irak. Elle est l'un des rares pays africains à rejoindre la "coalition des volontaires" des États-Unis.
Un gouvernement stable en Éthiopie a été vital pour cette relation. Les États-Unis l'ont soutenu financièrement en lui accordant une aide de 4,2 milliards de dollars (2 billions 406 milliards 320 millions 700 mille FCFA) entre 2016 et 2020.
Mais l'envoyé américain dans la région, Jeffrey Feltman, ne s'est pas privé de critiquer le gouvernement fédéral en affirmant que ses politiques entraînent une famine massive, et le compare au régime syrien de Bachar el-Assad.
Les États-Unis lancent un appel à l'évacuation de leurs ressortissants et le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, annonce l'état d'urgence et demande des recrutements militaires supplémentaires.
Les autorités d'Addis-Abeba appelllent la population à enregistrer les armes.
Un autre groupe rebelle allié au TPLF affirme qu'il se rapproche également de la capitale.
Le caractère multiethnique de la ville aggrave les tensions, certains accusant les autorités de cibler les Tigréens dans une série d'arrestations.
Mais les forces tigréennes se trouvent toujours à plus de 300 km de la ville, aux alentours de la ville de Kombolcha.
"Ce n'est pas les talibans qui marchent à travers l'Afghanistan et prennent ville après ville sans tirer une balle", indique Tibor Nagy, ancien secrétaire d'État adjoint américain pour l'Afrique, à la BBC.
"Là où le TPLF opère actuellement, il y a une énorme résistance... et ce serait une bataille horriblement sanglante pour Addis-Abeba".
Il pense que la prise de la capitale est utilisée comme une menace de la même manière qu'une puissance nucléaire pourrait utiliser la possibilité de lancer ses armes.
Le TPLF affirme que ce qu'il veut vraiment, c'est permettre à l'aide de parvenir au Tigré.
"Nous continuerons à marcher [vers Addis-Abeba]... mais il ne s'agit pas tant d'Addis-Abeba que de notre intention de faire pression sur Abiy pour qu'il lève le blocus", confie Getachew Reda, porte-parole, à BBC Focus on Africa.
Le gouvernement éthiopien désigne le TPLF comme une organisation terroriste et le Premier ministre a promis de se battre.
Selon lui, la première chose à faire serait de faire cesser les combats et de s'assurer que l'aide puisse être acheminée, puis d'explorer progressivement les options politiques.