Conflit entre les royaumes Tikar et Bamoun
La situation conflictuelle est inquiétante dans le département du Noun où Tikar et Bamoun se rendent coup pour coup. Tout a commencé quand le chef Tikar a appelé le roi Bamoun « mon fils ». La communauté du royaume Bamoun n’a pas apprécié. Des éléments ont instamment bondi sur le roi fautif, l’ont déshabillé et violenté.
Le Dr Abdoulaye Laziz Nchare regrette que les choses soient arrivées là. Il a fait une déclaration que voici ci-dessous pour expliquer pourquoi le roi Tikar avait pleinement le droit d’appeler Nfonrifoum Mbombo Njoya Mouhamed Nabil « mon fils ».
En tant que Bamoun, je dénonce publiquement l’agression et l’humiliation du chef des Tikar par la garde du sultan Bamoun
Ce qui s’est passé à Magba est inexcusable et peut plonger les communautés Bamoun et Tikar dans la guerre civile pour si peu. Que l’on ne se laisse pas distraire. Le Cameroun traverse une passe terrible, et j’invite chaque Bamoun à prendre ses responsabilités pour éviter ce genre de situation qui nous installerait dans un confit sans précédent. Soyons extrêmement vigilants.
Le chef Tikar, peu importe son rang, ne méritait pas d’être battu en public parce qu’il a appelé le sultan des Bamoun « mon fils ». Si les Bamoun sont les descendants des Tikar, ce chef a pleinement droit d’appeler le roi Bamoun « mon fils » dans la mesure où Ncharé Yen qui est le fondateur du pays Bamoun, était bel et bien un prince Tikar issu de la chefferie de Bankim et qui a quitté son pays après le décès de son papa le roi Tikar suite aux querelles entre lui et ses frères princes qui voulaient chacun succéder à leur père le roi.
L’historiographie des Bamoun enseigne que Nchare Yen s’en est allé avec ses sœurs Ngouso et Ripa pour fonder les royaumes Bamum, Banso et Bafia. Les Bamum appelle Bankim "Rifum", ce qui veut dire la racine ou la source car conscients du fait qu'ils viennent du pays Tikar.
Les Tikar sont par conséquent les ancêtres de la majorité des royaumes des grassfields y compris les Bagante, les Bafoussam entre autres. La particularité de toutes ces communautés sœurs est que le culte des ancêtres a pris source dans la plaine Tikar avant l’expansion de l’Islam et du Christianisme.
Les Bamoun ainsi que beaucoup des communautés voisines retracent leur origine des Tikar. Ce n’est donc un secret pour personne que le peuple Bamoun descend en partie des Tikar, pas l’inverse. Où est donc le crime si un chef Tikar rappelle au sultan Bamum qu’il soit son fils ?
De la même façon, le sultan Bamum peut appeler le chef Banka et de Bagangté son fils sans que la garde rapprochée de ces deux chefs ne l’attaque sauvagement comme ça été le cas à Magba.
Eu égard à ce qui précède, considérant nos codes linguistiques, même si le Sultan Nfonrifoum Mbombo Njoya Mouhamed Nabil était âgé de 120 ans, un monarque Tikar, peu importe lequel peut l’appeler « mon fils » de la même manière que le sultan des Bamoun lors des visites au palais après son intronisation l’avait appelé le roi (Ba) Nso de loin son aîné : « my brother ». Personne du côté des Ba Nso ne s’était pour autant indigné […]
