Le principe d’unité et de cohésion sociale semble aujourd’hui mis à rude épreuve par de nombreux affrontements intercommunautaires.
ÇAY EST ! Le rubichon semble désormais avoir dépassé le seuil du tolérable. Des communautés qui vivaient paisiblement ensemble et partageaient le même espace, semblent aujourd’hui plus que jamais décidées à en découdre avec leurs frères d’hier. Les uns exigeant le départ sans délai des autres considérés comme des envahisseurs. Pour les populations Ntumu, autochtones de la vallée du Ntem, le département tout entier a perdu son hospitalité et son calme légendaire depuis l’arrivée des frères venus du Noun. Le grand banditisme y a trouvé un terreau fertile. Ces derniers s’illustrent dans des trafics de toute sorte. «Ils doivent partir de chez nous. Nous ne voulons plus d’eux chez nous », avait déclaré un autochtone. Le phénomène qui tend à se généraliser dans tout le pays, est aujourd’hui perçu comme le principal alibi qui oppose autochtones et allogènes ; et occasionne de nombreuses pertes en vies humaines. Depuis décembre dernier dans le Logone et Chari, la cohabitation est devenue difficile et les tensions, perceptibles. A l’origine de cette répulsion, une dispute autour d’une piste à bétail qui a rapidement dégénéré, laissant sur le carreau une vingtaine de morts et des dizaines de blessés graves.
Le canton d’El Birké également a été le théâtre de violents affrontements ayant poussé près de 23 000 déplacés vers le Tchad voisin. On se souvient encore des nombreux conflits d’une rare brutalité observés dans une localité située sur la rive gauche du Noun, mettant aux prises Bamoun et Bamiléké qui y sont installés depuis près de 70 ans, au sujet des terres arables. Que dire du génocide évité de justesse par les éleveurs Bororo, installés dans le Nord-Ouest, qui ont été l’objet de violentes persécutions par les ethnies locales. De ce qui précède, la situation est le reflet d’un mal-être qui s’est nationalisé. La montée en puissance des discours de haine, « l’éthnitisation » du discours politique, la radicalisation de certains leaders d’opinion, la précarité des conditions de vie des populations constituent le principal fil d’Ariane qui alimente ces tensions qui font échec à l’unité nationale.