Conseil Constitutionnel: Paul Biya veut surprendre les Camerounais

Biya Magistrats Anglophones Paul Biya pourrait prendre de cours l’opinion en nommant les membres du Conseil constitutionnel

Sat, 6 May 2017 Source: cameroun24.net

Nul n’est dans le secret du prince, mais selon des confidences émanant des coulisses du pouvoir à Yaoundé, ce pourrait être la prochaine étape présidentielle dans la consolidation de l’arsenal juridique de l’Etat, tel que prévu par la Constitution du 18 janvier 1996. A en croire des indiscrétions qui en font état, conformément à ses habitudes, Paul Biya pourrait ainsi détourner l’attention de l’opinion publique des revendications qui enflent autour de la question anglophone, au sujet de l’accélération de la décentralisation à travers la mise en place des conseils régionaux et départementaux. Même si nos sources estiment que tous ces sujets sont dans l’agenda présidentiel, elles précisent que le chef de l’Etat pourrait se signaler dans les jours à venir sur un terrain où l’on l’attend le moins, à savoir la nomination des membres du Conseil constitutionnel. Surtout que le remaniement ministériel que beaucoup espéraient semble aujourd’hui renvoyé aux calendes grecques. Concernant le conseil constitutionnel, les connaisseurs du Palais de l’Unité croient savoir que les premières moutures relatives à son organisation et à sa composition seraient disponibles dans des coffrets de la présidence de la République, préparées depuis quelques années par les conseillers du président.

Ces moutures pourraient connaître un toilettage afin de prendre en compte l’évolution juridico- politique de ces derniers temps, qui ont permis de voir certains pressentis portés à d’autres postes de responsabilité. Il semble que, selon ces érudits de la politique telle qu’elle se pratique au palais, les noms de Peter Agbor Tabi et de Peter MafanyMusonge figuraient sur ces premiers drafts. Depuis lors, le premier est décédé, alors que le second vient d’être porté à la présidence de la commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme.

Dipanda Mouelle ou Rissouck à Moulong

Tous deux originaires du Sud-ouest, les analystes avaient tôt fait de penser que le poste du président du conseil constitutionnel était taillé pour un ressortissant de cette région, au regard de la répartition institutionnelle au sommet de l’Etat : le président issu de l’ère culturel Fang béti, le président du Sénat originaire de l’Ouest, le président de l’Assemblée nationale du septentrion, de même que le président du conseil économique et social, le Premier ministre ressortissant du Nord-ouest. Pour autant, selon les coulisses qui filtrent du sérail, le Sud-ouest n’est pas totalement hors course pour le futur poste à pourvoir, un de ses dignes fils, ou mieux, une de ses dignes filles, restant en lice pour une éventuelle nomination.

Il s’agit de Mme Dorothy Djeuma - une des fidèles du chef de l’Etat, qui a depuis longtemps fait ses classes dans le RDPC. Ses chances ne sont pas moindres au regard de ses états de services. Ancien recteur des universités de Buea et de Yaoundé 1, elle a souvent été pressentie au poste de premier ministre.

Toutefois, son atout principal demeure son genre, les femmes étant sous-représentées à la tête des institutions constitutionnalisées. Principal bémol, la trop grande confiance du chef de l’Etat à l’endroit des ressortissants du Sud-ouest qu’il a nommés à d’autres importants postes ces derniers temps, notamment à la présidence de la commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme, de même qu’à la tête du groupe parlementaire RDPC au Sénat. Et du coup, d’autres analyses croient savoir que le poste pourrait échouer à un ressortissant des autres composantes socio-culturelles moins représentées dans les institutions de la République. D’aucuns pensent à un ressortissant Sawa, et selon ces oracles, le poste semble bien taillé à la mesure de l’ancien président de la cour suprême, qui pourrait sortir de sa retraite, conformément à une pratique bien connue chez le président. Ceux qui misent ainsi sur Alexis Dipanda Mouelle mettent en avant sa longue et riche expérience dans la gestion du contentieux électoral, principale mission du prochain Conseil constitutionnel.

L’ancien président de la cour suprême est d’ailleurs le seul à avoir exercé cette charge, pour le compte de la cour suprême qui cumule les fonctions du conseil, en attendant sa mise en œuvre. Par ailleurs, Dipanda Mouelle est crédité d’une solide expérience ; en plus de la cour suprême du Cameroun, il a occupé de multiples fonctions au sein des institutions de pratique du droit à l’instar de la Cour internationale de justice de la Haye. Reste qu’au-delà de son cursus professionnel impressionnant, la virtuelle candidature de l’ancien président de la Cour suprême pourrait se heurter à d’autres considérations plus politiques, la Cour suprême, qu’il a quittée il y a deux ans, l’autre institution constitutionnalisée, étant déjà occupée par un ressortissant du Littoral comme lui, en la personne de Daniel Musombe Kome.

Une considération qui fait croire que le fauteuil de président du Conseil pourrait aller chercher preneur ailleurs, dans une autre minorité. Et compte tenu de son caractère technique dans l’application du droit, beaucoup envisagent à ce poste un juriste rompu, qui a déjà fait ses preuves. C’est à ce titre que le nom de l’ancien procureur général près la Cour suprême Martin Rissouck à Moulong est évoqué dans certains cercles.

Comme Dipanda Mouelle avec qui il est allé en retraite au même moment, il pourrait être rappelé en fonction de ses compétences avérées de juriste. Procureur général de la Cour suprême, il avait déjà connu des contentieux relatifs au processus électoraux, qui constitue la principale feuille de route de cette nouvelle institution.

L’Est en outsider

En tout état de cause, pensent certains analystes, si les exigences techniques constitueront un critère de choix dans la nomination du président du conseil, les considérations politiques ne seront pas en reste. Vu sous ce prisme, la région de l’Est a toutes les raisons de voir un de ses fils porté à la tête de la future institution. Ceux qui croient maîtriser l’approche présidentielle dans le choix de ses collaborateurs estiment qu’il pourrait à l’occasion penser à un de ses plus anciens compagnons, en l’occurrence René ZéNguelé. Actuellement sénateur nommé, il a ruminé une certaine rancœur, selon certains esprits retors, en se portant candidat à la présidence du RDPC, le parti au pouvoir lors de son congrès de septembre 2011. Il pourrait dès lors s’agir d’une récompense personnelle, mais d’autres voix estiment que c’est à la région que devrait revenir une telle récompense, au cas où un de ses ressortissants devrait être choisi. Du coup, d’aucuns entrevoient une autre personnalité qui pourrait allier les considérations politiques et technocratiques, en la personne de l’honorable Brigitte Mebande. Fidèle et loyale militante, puis responsable du RDPC, son nom sur certaines tablettes s’explique par le rôle qu’elle a déjà joué à l’Assemblée nationale où elle est à sa 4ème législature.

Mieux, la députée du Haut-Nyong s’est déjà familiarisée avec les fonctions du conseil, elle qui représente l’institution au sein de la Cour suprême faisant office de conseil constitutionnel. C’est dire si sa propulsion à la plus haute charge de l’institution ne constituerait pas un handicap pour la maitrise de la fonction. Elle jouit en outre d’un atout supplémentaire, son genre féminin, au moment où le discours politique du chef de l’Etat prône une meilleure représentation de la femme au sein des instances institutionnelles de l’Etat. C’est dire en fin compte si l’Est pourrait transformer son statut d’outsider en véritable favori, elle qui souffre d’une sous-représentation au sein des institutions constitutionnalisées dans la république. Mais au-delà de toutes ces spéculations qui pullulent dans l’entourage du Chef de l’Etat, Qui sera l’heureux élu ? Question à mille sous dont la réponse est entre les mains du seul manitou, Paul Biya.

Source: cameroun24.net