Au-delà d’une participation record des pays membres du FOCAC, le rendez-vous de cette année a jeté les bases d’une nouvelle ère de la coopération entre l’Afrique et l’Empire du Milieu.
Xi Jinping, le président chinois, a de quoi être fier de ses « amis et pairs africains ». Le troisième Sommet du Forum de la Coopération Chine-Afrique que son pays vient d’abriter aura battu tous les records de participation.
Sur les 54 pays membres de l’Union africaine, seul un, l’eSwatini (ex-Swaziland), dernière alliée africaine de Taiwan, aura manqué à l’appel. Cette année, le forum s’est même enrichi de trois nouveaux membres, le Burkina- Faso, Sao Tome et Principe et la Gambie.
A Pékin, les pays pour la plupart étaient représentés au plus haut niveau par leurs chefs d’Etat ou de gouvernement. 27 organisations internationales ou régionales ont été conviées à cette grand’messe sino-africaine qui se tient tous les trois ans.
Le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres n’était pas en reste. Les partenaires africains de la Chine ont voulu renvoyer l’ascenseur au géant asiatique au regard des liens d’amitié et des réalisations chinoises en Afrique.
Le président Xi Jinping a effectué avant le sommet de Pékin, trois tournées en Afrique, et près de 30 chefs d'Etat et de gouvernement des pays africains dont le président Paul Biya, sont venus en visite officielle en Chine.
Par ailleurs, Xi Jinping et ses homologues africains n’ont jamais manqué l’occasion de s’entretenir lors de conférences internationales. Depuis bientôt dix ans, l’empire du Milieu est le premier partenaire économique de l’Afrique. Dans la plupart des pays, les réalisations chinoises parlent d’elles-mêmes.
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Dans la capitale chinoise, les leaders africains ont marqué leur adhésion au « plan Marshall proposé par la Chine, « les nouvelles routes de la Soie », appelé en Chine « la Ceinture et la Route » lancé en 2013 pour développer la connectivité commerciale de la Chine avec le reste du monde. Cette initiative prévoit la construction de routes, ports, lignes de chemin de fer et parcs industriels dans 65 pays dont la plupart se trouvent en Afrique.
Dans son discours d’ouverture du Sommet, le président chinois a célébré cette nouvelle approche de la gouvernance mondiale pour le développement global des peuples. Dans le cadre du plan d’action triennal 2019-2021, Xi Jinping annonce d’ici au prochain Sommet de Dakar au Sénégal, huit nouvelles initiatives en faveur des pays africains.
Ces mesures portent essentiellement sur le développement des infrastructures, la modernisation de l’agriculture, la formation et le renforcement des capacités des jeunes, la paix et la sécurité, le soutien aux exportations, l’annulation de la dette.
Pour la mise en oeuvre de ces nouveaux engagements, Pékin met à la disposition des pays africains membres du FOCAC, une enveloppe de 60 milliards de dollars. Dans cette cagnotte, 15 milliards sont proposés sous forme de dons, de prêts sans intérêt ou à des conditions préférentielles et 20 milliards en lignes de crédit. Un fonds spécial de 10 milliards de dollars sera consacré au développement et 5 autres milliards seront consacrés au financement des exportations des pays africains.
L’autre grande annonce concerne l’annulation de la dette de certains pays africains vis-à-vis de la Chine. Les pays membres du FOCAC, dont la dette ne sera pas remboursée jusqu’à la fin de l’année 2018, se verront annuler cette ardoise par la Chine. Mais au-delà de cette dimension pragmatique, les grandes retrouvailles de la « Chinafrique » dans la capitale chinoise ont davantage donné un nouveau souffle à la coopération entre la Chine et le continent africain.
Une coopération décomplexée qui respecte la dignité des Etats africains. Les principes qui guident les relations sino-africaines ont d’ailleurs été rappelés lors du discours d’ouverture du sommet par tous les orateurs. La non-ingérence dans les affaires intérieures, le respect de souveraineté des pays, l’assistance sans conditionnalités et les avantages réciproques fondent la confiance entre les deux parties.
Ces principes, qui s’inscrivent dans ce qu’on peut appeler le « Consensus de Pékin » n’ont rien de commun avec certaines postures arrogantes et condescendantes qu’on observe chez certains partenaires des pays africains.
Loin des incantations sur les droits de l’Homme, la bonne gouvernance, ou la démocratie, le discours chinois propose une alternative qui consiste à promouvoir une coopération « gagnant-gagnant » entre partenaires « égaux », à mener une coopération sans arrière-pensées politiques, à réformer les systèmes de régulation économiques internationaux et à faire partager (sans imposer ) la voie chinoise du développement.
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La Déclaration de Pékin met par exemple un accent sur la volonté de Pékin et des pays africains de « construire une voie de développement de haute qualité adaptée aux conditions nationales, inclusive et bénéfique pour tous ».
Les dirigeants chinois et africains optent pour le multilatéralisme et considèrent le protectionnisme, l’unilatéralisme et l’isolationnisme comme des menaces sérieuses à la paix et à la prospérité des peuples dans le monde.
En tout cas, 18 ans après sa création, le FOCAC est devenu aujourd’hui la grande marque de la coopération sino-africaine et un exemple pour orienter la coopération internationale avec l'Afrique et élever le niveau de la coopération sud-sud.