Corruption aggravée dans l'affaire Zogo : un rapport d’Amnesty International accable le Cameroun

Ce rapport est le résultat des recherches menées entre 2022 et 2023

Wed, 12 Jul 2023 Source: L'Oeil du Sahel

«La lutte contre la corruption en péril. La répression contre les défenseurs anticorruptions en Afrique de l’Ouest et du Centre», c’est le titre du rapport présenté le 11 juillet 2023 à Dakar, par Amnesty International, lors d’une conférence de presse, également transmise en visioconférence. Ce rapport est le résultat des recherches menées entre 2022 et 2023 sur les repressions et attaques par l’organisation dans 19 pays de la région d’Afrique de l’Ouest et du Centre. Il a été publié à l’occasion de la Journée africaine de lutte contre la corruption et du 20eme anniversaire de la Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption. En Afrique Centrale, c’est une fois de plus le Cameroun qui se trouve sur le banc des accusés. Certains défenseurs des droits humains qui ont révélé des pratiques de corruption ont été agressés physiquement et dans certains cas, ils ont été tués. C’est le cas de Jean-Jacques Ola Bébé et Martinez Zogo.

Pour rappel, ce dernier a été enlevé par des hommes non identifiés le 17 janvier 2023 et son corps mutilé a été retrouvé sur un terrain vague aux abords de Yaoundé, le 22 janvier. Son cas a particulièrement éclaboussé le Cameroun. Lui, qu’avant son enlèvement, enquêtait et avait publié des informations sur des détournements présumés de centaines de milliards de francs CFA par des personnalités politiques et du monde des affaires proches du gouvernement camerounais. Pour Agnès Callamard, Secrétaire générale d’Amnesty International, «la corruption est une question de droits humains. Elle interfère dans la jouissance effective des droits individuels et collectifs garantis par les traités internationaux et régionaux relatifs aux droits humains. Elle entrave la capacité des agents de l’application des lois, des juges, des procureurs et des avocats à s’acquitter de leurs fonctions de manière impartiale. La corruption entraîne des mauvais traitements, la torture ou des décès en détention», a-t-elle déclaré lors de cette conférence de presse.

PROTÉGER ET SOUTENIR

Pour Amnesty International, les États d’Afrique de l’Ouest et du Centre doivent cesser de persécuter les défenseurs des droits humains qui dénoncent la corruption, les pots-de-vin et les abus de pouvoir, et prendre des mesures concrètes et efficaces pour les protéger et les soutenir. L’organisation appelle ces États à adopter et améliorer les lois qui protègeraient ces défenseurs des droits humains contre les représailles et créeraient un environnement au sein duquel ils et elles pourraient enquêter et faire des rapports en toute sécurité sur la corruption et ses implications en matière de droits humains. Il convient de rappeler qu’actuellement, seuls la Côte d’Ivoire, le Mali et le Niger ont adopté des lois sur la protection des défenseurs des droits humains, et seul le Ghana possède une législation visant spécifiquement à protéger les lanceurs d’alertes. Dix pays de la région ont adopté des textes concernant l’accès à l’information, qui permettent aux citoyens d’obtenir des informations détenues par des organismes publics et de demander des comptes aux personnes et entités détentrices du pouvoir

Source: L'Oeil du Sahel