Le Médiateur Universel Shanda Tonme, à la tête de la Commission indépendante contre la corruption et la discrimination (COMICODI), a officiellement saisi le Délégué Général à la Sûreté Nationale pour exiger l’ouverture d’une enquête sur des allégations de corruption concernant les admissions à l’École nationale d’administration et de magistrature (ENAM). Dans une correspondance datée du 14 novembre 2024, Shanda Tonme dénonce des pratiques de racket qui entachent la réputation de cette prestigieuse institution.
Ces révélations font suite à des déclarations publiques d’Hervé Mfoula, responsable de la communication de l’ENAM, lors d'une émission radiophonique diffusée sur Dunamis FM. Selon Mfoula, un litige aurait éclaté entre un homme d’affaires influent et la direction de l’ENAM concernant une transaction non aboutie impliquant l’admission de trois candidats en échange d’une somme de 90 millions de francs CFA. « Le Pr. Shanda Tonme se trompe, il ne s'agit pas de 150 millions pour cinq candidats, mais plutôt de 90 millions pour trois candidats », a précisé Mfoula lors de l’émission, confirmant ainsi l’existence d’un réseau de corruption.
Ces aveux ont provoqué un vif émoi au sein de l’opinion publique, relançant un débat national sur l’intégrité des concours administratifs au Cameroun. Pour Shanda Tonme, cette affaire constitue une atteinte grave à l’État de droit et à la moralité publique. « La corruption est condamnée et punie par nos lois, et nous ne saurions rester silencieux face à de telles pratiques qui portent atteinte aux valeurs républicaines », a-t-il écrit dans sa lettre adressée au Délégué Général à la Sûreté Nationale. Il appelle à une enquête immédiate et à l’audition de tous les acteurs impliqués dans cette affaire.
Le scandale éclate dans un contexte où l’ENAM, une institution de référence dans la formation des élites administratives et judiciaires du Cameroun, est déjà sous le feu des critiques pour son opacité et les suspicions de favoritisme lors des concours d’entrée. Si ces allégations sont avérées, elles risquent de porter un coup sévère à la crédibilité de l’établissement et à la confiance des citoyens dans les processus de sélection.
Shanda Tonme, qui a alerté le Premier ministre et d’autres autorités, insiste sur la nécessité de rétablir la transparence et la justice dans ce dossier. « Nous sommes ici en présence d’un acte très grave. L’opinion publique et nos partenaires internationaux ne comprendraient pas le silence des autorités face à ces graves accusations », a-t-il souligné, appelant à des actions concrètes pour sanctionner les coupables.