Jean Claude MVONDO, Technicien Principal des Eaux et Forêts
Dans les profondeurs des forêts camerounaises, un vaste réseau de corruption forestière se déploie à ciel ouvert, sous le regard complice ou impuissant des autorités. En première ligne, Jean Claude MVONDO, Technicien Principal des Eaux et Forêts, actuellement Chef de Poste à Endom. Déjà relevé de ses fonctions à Meyomessala pour des faits similaires, il a pourtant été réhabilité à son poste grâce à ce qu’il qualifie lui-même de « hautes instructions ». Protégé, dit-on, par un député à l'Assemblée national, il est aujourd’hui au cœur d’un système bien huilé de pillage forestier.
A Endom, le marteau forestier, outil officiel de martelage des bois saisis est devenu l’instrument d’un racket bien organisé. Jean Claude MVONDO martèle des grumes issues d’exploitations illégales sans ouvrir de contentieux. Dès qu’un exploitant lui verse de l’argent par Orange Money, il autorise le chargement du bois saisi, sans mainlevée officielle et sans reversement des fonds au Trésor Public.
Le 19 Mars 2025, un camion chargé illégalement est saisi à Ndombé grâce à la vigilance des riverains. Sur les billes : le marteau de saisie n°08/07-05, clairement lié au poste d’Endom. Quelques jours plus tard, d’autres planches et madriers saisis à Medjeme sont relâchés sous ses ordres, en présence des forces de l’ordre.
36,8 Millions de Francs CFA : la valeur de la forêt vendue au noir
Entre Novembre 2024 et Février 2025, plus de 120 camions grumiers ont quitté les villages Oveng, TAP et Efoulan dans le Groupement Mbida-Mbani sans autorisation ni permis. Direction : Sangmélima et Yaoundé. En contrepartie, Jean Claude MVONDO a encaissé 36 840 095 FCFA, grâce à un vaste système de transfert mobile via Orange Contacté par la presse pour sa version des faits, il dit avoir saisi des exploitants illégaux et porté l'affaire à la délégation départementale du ministère de la faune et des forêts avec un procès prévu ce mardi à Akonolinga.
Une enquête de Gendarmerie a révélé 13 listings des transactions Orange Money entre le numéro du Chef de Poste (699 67 26 37) et celui de l’exploitant SFAB (694 85 78 70). Rien qu’en Février 2025, plus de 2 Millions de Francs CFA ont été transférés, sans compter les 11,25 Millions versés via des call-box et établissement relais. Ces listings, désormais entre les mains des enquêteurs, portent les noms d’exploitants et acheteurs bien identifiés.
Des faux rapports pour couvrir les crimes
Pire encore, un rapport d’inventaire de recollement, censé justifier la continuité des opérations de SFAB, a été rédigé et signé… alors que la vente de coupe concernée était déjà épuisée. Le dossier, actuellement au cabinet du Ministre, est un faux manifeste.
Trois Femmes Colonels des Forêts, envoyées en mission officielle à Endom du 20 au 22 Février 2025, auraient eux aussi été corrompues pour rédiger un rapport de mission complaisant, niant l’évidence des coupes illégales massives observées sur le terrain.
Le cas d’Endom n’est pas isolé. A So’o Lala, 25 Km dela ville d’Akonolinga, 2 500 planches des arbres mis en défense ont été allègrement sciées dans la réserve forestière, en lien avec des exploitants opérant avec la complicité des responsables locaux d’ANAFOR. A Ayos, la société Yaya Mohamadou (YM) est au centre d’un autre scandale : après avoir remporté une vente aux enchères publiques du site d’un complexe agricole de 500 ha, elle exploite bien au-delà de la superficie accordée, en installant même un nouveau partenaire sous sa couverture. Le Chef de Poste d’Ayos et le Délégué Départemental, pourtant témoins, ne réagissent pas.
Les dégâts sont incalculables. En matière de finances publiques, de déforestation illégale, de complicité administrative et de perte de souveraineté environnementale. Alors que plus de 80 grumes non marquées ni saisies traînent encore dans les parcs d’Efoulan, TAP et Dombé, les autorités centrales semblent encore attendre les conclusions de l’enquête ouverte à l’Inspection Générale du MINFOF pour frapper.
Mais la Gendarmerie s’apprête à descendre sur le terrain, déterminée à démanteler ce réseau tentaculaire. Le temps presse : car chaque jour, des pans entiers de notre patrimoine forestier s’envolent dans le silence et l’impunité.
Source: Paul Daizy Biya