Depuis Tolède (Espagne) où il se trouve, Josep Borrell a commenté l'actualité politique au Gabon. Le chef de la diplomatie de l'Union Européenne ne condamne pas fermement le coup d'Etat du 30 août mais essaie plutôt de le justifier. Pour ce dernier, la longévité du régime des Bongo et les irrégularités constatées lors de la présidentielle dernière constituent des éléments à prendre en compte pour relativiser la situation au Gabon.
« Naturellement, les coups d'Etat militaires ne sont pas la solution mais nous ne devons pas oublier qu'au Gabon il y avait eu des élections pleines d'irrégularités », a-t-il déclaré. "Je ne peux pas dire que le Gabon était une vraie démocratie avec une famille qui dirigeait le pays depuis 50 ans", a-t-il poursuivi. Ces propos du diplomate européen donnent un quitus aux coups d’Etat contre les dirigeants mal élus qui s’éternisent au pouvoir.
La situation doit particulièrement inquiéter le Cameroun où Paul Biya gouverne seul depuis 1982. La quasi-totalité des élections présidentielles qu’il a organisées ont été contestées et émaillées de violence. Le président du MRC Maurice Kamto, adversaire de Paul Biya au scrutin présidentiel de 2018 a fait plusieurs mois en prison en compagnie de ses camarades politique sans motifs sérieux.
Paul Biya n’est d’ailleurs pas le seul dirigeant à trouver inquiétante la posture de l’Union Européenne qui donne ainsi les conditions à remplir pour réaliser un coup d’Etat justifié. En effet des pays comme le Congo, le Rwanda, la Côte d’Ivoire et bien d’autres sont dirigés par des régimes qui ont fait au moins plus d’une décennie au pouvoir et qui sont régulièrement accusé d’organiser des coups d’Etat institutionnels.
Pas de comparaison
Josep Borrell refuse qu’on compare la situation du Niger au Gabon. Il estime que le président Bazoum est démocratiquement élu alors que Ali Bongo avait organisé un coup d’Etat avant le putsch qui l’a renversé.
« Au Niger, le président était un président démocratiquement élu (...). Au Gabon, quelques heures avant le coup d'Etat militaire, il y a eu un coup d'Etat institutionnel car les élections ont été volées », a-t-il déclaré.
En Afrique l’opinion ne fait aucune différence entre les deux putschs. L’élection de Bazoum étant également contestée. Plusieurs personnes avaient d’ailleurs été abattus par les forces de l’ordre des manifestations postélectorales. Pour s’assurer la victoire de son dauphin Bazoum, Mohamed Issoufou, le président d’alors s’était arranger pour obtenir l’invalidation de la candidature du principal opposant d’alors Hama Amadou. Dans les régions favorables au PNDS, parti présidentiel, des taux participation dépassant les 100% ont été enregistrés dans de nombreux bureaux de vote.