La Cour de répression des infractions économiques du Bénin a rendu jeudi son verdict dans une affaire qui secoue le pays : Oswald Homéky, ancien ministre des Sports et ami personnel de Samuel Eto'o, a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle aux côtés d'Olivier Boko, ex-proche du président Patrice Talon.
Les deux hommes, accusés d'avoir fomenté une tentative de coup d'État, devront également s'acquitter, avec un troisième accusé en fuite, de dommages et intérêts d'un montant record de 60 milliards de francs CFA (environ 91,5 millions d'euros) envers l'État béninois. Chacun devra par ailleurs payer une amende individuelle de 4,5 milliards de francs CFA (6,8 millions d'euros).
Cette condamnation intervient au terme d'un procès controversé, marqué par l'absence totale d'avocats de la défense. Les conseils initiaux s'étaient retirés en protestation contre la composition du tribunal, qu'ils jugeaient irrégulière avec trois juges au lieu des cinq habituellement requis.
Selon les témoignages présentés durant le procès, notamment celui du colonel Djimon Dieudonné Tevoedjrè, patron de la garde présidentielle, les accusés auraient planifié "un coup d'État à la Bazoum", en référence au renversement de l'ancien président nigérien en 2023.
Homéky, qui entretenait des liens étroits avec le président de la Fédération camerounaise de football, Samuel Eto'o, s'était notamment fait remarquer lors de leurs rencontres à diverses occasions, notamment à Arusha, en Tanzanie, lors de la 44e Assemblée Générale Ordinaire de la CAF. Leur amitié dépassait le cadre du football et était connue dans les cercles sportifs africains.
Avant son arrestation en septembre dernier, l'ancien ministre s'était rapproché d'Olivier Boko, soutenant ses ambitions présidentielles pour 2026, une position qui aurait pu contribuer à sa chute dans un pays où les opposants politiques font régulièrement l'objet de lourdes condamnations judiciaires.
Cette affaire s'inscrit dans un contexte politique tendu au Bénin, où le président Patrice Talon, qui achèvera son second mandat en 2026, est régulièrement accusé par ses détracteurs d'avoir instauré un régime autoritaire dans ce pays autrefois considéré comme un modèle de démocratie en Afrique de l'Ouest.