Le président du PCRN explique les causes de la prolifération des coups d'Etat en Afrique. Il remet en cause les méthodes des institutions régionales et sous régionale et dénonce les violations des constitutions qui ne dérangent pas la communauté internationale. Cabral Libii n'exclut pas l'hypothèse d'un coup d'Etat au Cameroun.
TCHAD, BURKINA, GUINEE, MALI et…NIGER ET CAMEROUN
Après le coup d’Etat au Niger, le bras de fer qui s’installe entre la CEDEAO et l’UEMOA d’une part qui adoptent des sanctions et envisagent une intervention militaire, et les régimes militaires du Mali, de Guinée et du Burkina Faso qui se « syndiquent » pour s’y opposer d’autre part, nous rappelle une réalité basique. La nécessité de constance dont les autorités continentales doivent apprendre à faire preuve.
L’ordre constitutionnel est un ordre légal (confome aux normes constitutionnelles) et légitime (accepté par la majorité du peuple). Il faut donc savoir qu’un ordre gouvernant électif issu d’une élection entachée de fraudes ou un ordre gouvernant électif qui se perpétue au pouvoir grâce à la fraude sophistiquée, ne s’inscrit plus qu’en partie dans l’ordre constitutionnel. Car, ce type d’ordre gouvernant est certes légal, mais il est illégitime. De même, un ordre gouvernant putschiste ne s’inscrit qu’en partie dans l’ordre constitutionnel si malgré le défaut de légalité, il s’enveloppe de la légitimité du peuple.
Ce qui est difficile évidemment c’est la mesure de la légitimité. Elle est généralement incertaine, car pouvant être organisée autant par les fraudeurs que par les putschistes surtout dans des environnements de précarité… Mais il demeure qu’une légitimité exprimée spontanément et massivement par le peuple peut exister. Et souvent la mesure est le temps…
Les institutions régionales africaines (UA, CEMAC, CEDEAO etc.) en ayant laissé des régimes putschistes ou non constitutionnels s’installer et se maintenir ont créé des précédents dont ils ne peuvent plus se dérober. La nouvelle règle désormais établie est de négocier et de transiger avec les putschistes. Si on l’a fait au Tchad, en Guinée Conakry, au Burkina, au Mali, pourquoi ne pas le faire avec le Niger?
Quand des régimes embastillent des opposants, trafiquent les constitutions, répriment bestialement les citoyens, où sont les sanctions?
Je ne peux finir sans évoquer le Cameroun mon pays. Ici, l’hypothèse d’un putsch n’est absolument pas à exclure un jour. De 1992 à 2018, toutes les élections font l’objet de contestations sur fond de fraudes électorales massives. Il y a lieu de douter de la légitimité réelle de l’ordre électif qui gouverne et donc de sa totale constitutionnalité. Alors, si un jour, après une énième élection frauduleuse entachée d’une fraude remettant en cause la constitutionnalité totale des élus pour défaut de légitimité, les militaires décident de rétablir l’ordre constitutionnel total, et qu’après ce putsch, le peuple exprime sa légitimité spontanément, ce peuple qui pourra enfin manifester ou se réunir pour dire et exprimer ce qu’il pense, que la CEMAC et L’UA et l’UE ne viennent pas jouer les bons médecins après ma mort.