• Les militaires qui ont sauvé Biya en 1984 sont colère
• Ils se disent victimes de tribalisme
• Beaucoup sont en situation de détresse
Il dit avoir perdu un bras lors de la mission de sauvetage de Paul Biya le 06 avril 1984. Le seul moniteur parachutiste du Cameroun de l'époque l'adjudant Ngana regrette avoir mis sa vie en danger pour le chef de l'Etat victime d’un coup d’Etat seulement deux ans après son accession à la magistrature suprême. Depuis son acte héroïque, il fut arrêté et détenu en prison sans explication pendant 7 ans 2 mois.
Originaire du Nord, il estime qu'il a injustement été assimilé aux hommes de mains de l’ancien président Ahidjo. En prison, l'adjudant Ngana raconte avoir été privé d'eau et de nourriture. Il se rappelle de ses camarades militaires originaires du nord décédés de la faim. Après sa libération, il déplore l'injustice dont il est victime. Sur le plan professionnel, le militaire n'a jamais bénéficié d'avancement.
« Nous qui avions souffert pour le 6 avril 1984, nous regrettons toujours. Depuis cette date personne ne pense à nous. Je devrais mériter mes avancements en grade. Je ne les ai pas. Ça me fait souffrir moralement et physiquement. Le 06 avril 1984, j'avais eu un os cassé parce que c'est moi qui faisais sortir les parachutistes pour sauver le président de la République », déplore-t-il.
En effet en 1984, le régime Biya était convaincu que le coup d’Etat était mené préparé par l’ancien président Ahmadou Ahidjo et exécuté par ses fidèles pour la plupart originaires de la région du Nord. « On disait que nous sommes les éléments d'Ahmadou Ahidjo. Les moutons, rentrez chez vous. C'était une forme de tribalisme qu'on ne peut pas oublier. Il y avait 348 détenus avant mon arrivée », déplore-t-il.
Aujourd’hui quasiment aveugle, l’adjudant Ngana traverse une situation financière difficile. Il a besoin de moyens pour prendre soin de sa petite famille. Malgré les injustices dont il se dit victime, il ne baisse pas les bras.