Coup de force de Joseph Le à la Sopecam

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Thu, 9 Jun 2016 Source: L’Oeil Du Sahel

Le PCA a nommé deux directeurs sans l'aval du conseil d'administration et à l'insu de la directrice générale, Marie-Claire Nnana.

Depuis la session extraordinaire de son conseil d?administration tenue le 31 mai 2016, une crise sans précédent secoue la Société de presse et d’éditions du Cameroun (Sopecam). Celle-ci met en relief la guerre des tranchées que se livrent depuis plusieurs mois déjà, le président du conseil d?administration et non moins directeur adjoint du cabinet civil de la présidence de la République, Joseph Le, et la directrice générale, Marie-Claire Nnana.

Le 1er juin 2016, soit une journée seulement après la tenue dudit conseil d?administration, la Crtv donne lecture d’un ensemble de décisions paraphées par Joseph Le, lesquelles sanctionnent les travaux dudit conseil. Il s’agit principalement des nominations à la tête de quatre directions de la société éditrice du quotidien gouvernemental. Ozela Ignace Claude est promu à la direction Technique ; Koumé Honoré, parachuté à la direction Commerciale et Marketing ; Ngane Gustave, à la direction de l’Administration et des Finances et Olinga Biyo’o Georges, à la division du Contrôle de gestion. Deux jours plus tard, le quotidien gouvernemental Cameroon tribune, un des produits de la Sopecam, publie à son tour les décisions de ce même conseil. Surprise.

Ici, deux directions seulement, au lieu de quatre comme précédemment lu sur les ondes du poste national de la Crtv, sont concernées par les nominations. Ozela Ignace Claude et de Koumé Honoré sont bien là. Mais pas les deux autres… Que s’est-il passé ? S’agit-il d’une erreur ? A la Sopecam, l’on répond tout de suite par la négative.  

GUERRE DES TRANCHÉES

«Il s’agit d’une forfaiture de Joseph Le. Nous n’avons jamais discuté et encore moins acté la nomination d’un nouveau directeur administratif et financier ou d’un nouveau chef de la division du Contrôle de gestion. Le président du conseil d?administration a pris cette décision tout seul, ou peut-être avec d’autres membres. Mais, elle ne l’a pas été au cours du dernier conseil auquel j’ai assisté du début à la fin. La directrice générale de la Sopecam, qui rapportait les travaux, est mieux placée que quiconque pour le savoir. Elle tient les minutes du conseil. Lisez l’édition de Cameroon tribune du 1er juin 2016, il y est publié le communiqué final du conseil et même une réaction de Joseph Le.

Ce qu’il a fait là est, de mon point de vue, totalement irresponsable », explique un membre du conseil d?administration. Comme pièce à verser au dossier, il exhibe un bordereau récapitulatif des pièces transmises au directeur général de la Crtv pour diffusion. Daté du 1er juin 2016 et signé des mains de Joseph Le, l’on peut clairement entrevoir que celui-ci a rectifié le document au crayon à bille, faisant passer de 02 à 04, le nombre d’actes de nomination validés par le conseil. «Pour moi, tout ceci est une preuve supplémentaire de tricherie qui traduit une précipitation dans l’action et un souci manifeste d’accélérer le cours des évènements», regrette le membre du conseil d?administration.

Une chose est certaine, la décision du PCA a été prise à l’insu de sa directrice générale qui, selon diverses sources, a appris la nouvelle après sa diffusion sur les ondes du poste national et alors même qu’elle était en route pour l’étranger. L’intéressée a-t-elle toutefois été surprise de la tournure des évènements ? «Je ne pense pas.

Tous ceux qui suivent les affaires de la République savent qu’il y a un groupe de personnes qui s’est organisé pour la débarquer. Le complot devait aboutir lors du dernier conseil d?administration, mais le coup n’a pas fonctionné comme prévu. Son successeur était même dans la salle du conseil, piaffant d’impatience », croit savoir ce responsable du secrétariat général de la présidence de la République.  

MANOEUVRES

Il reste toutefois que la crise à la Sopecam renseigne sur le sens de l’Etat de nos dirigeants, comme l’illustre cette passe d’armes entre Joseph Le et Marie-Claire Nnana au sujet de la tenue ou non du dernier conseil d?administration. En effet, les nouveaux textes signés par le chef de l’Etat en avril 2016 modifient de fond en comble le visage de la société. Le premier, n°2016/216, porte transformation de la Société de presse et d’éditions du Cameroun (Sopecam) en société à capital public et le second, n° 2016/217, approuve les nouveaux statuts de la société.

Quel est donc le sort des instances dirigeantes actuelles ? «Joseph Le a estimé qu’au nom du principe de la continuité de service, les instances dirigeantes actuelles devaient continuer de travailler en attendant la désignation de nouveaux responsables par le président de la République. Il a été soutenu dans son argumentaire par certains membres du conseil», indique un membre du conseil d?administration. Echaudée par la rigueur des limiers du Contrôle supérieur de l’Etat, la directrice générale de la Sopecam s’est montrée, dit-on, très réservée.

«Elle a écrit à son PCA en convoquant les textes Ohada, puis l’article 5 du décret n° 2016/216 du 28 avril 2016 qui dispose que : «Sont abrogées toutes les dispositions antérieures contraires au présent décret, notamment celles du décret n° 85/1716 du 12 décembre 1985 portant réorganisation de la Société de Presse et d’Editions du Cameroun». Pour elle, il n’était pas question d’aller à l’encontre d’un texte du chef de l’Etat en convoquant une session du conseil d?administration dans lequel se retrouveraient des administrateurs exclus par le nouveau décret.

Car, et c’est cela une des nouveautés des textes présidentiels, plusieurs administrations et institutions ne siègeront plus au conseil», renseigne un proche de Marie-Claire Nnana. La directrice générale de la Sopecam finira toutefois par lâcher du lest d’autant plus que pour Joseph Le, ce conseil était déterminant. Pas seulement pour l’entreprise. Mais davantage pour sa crédibilité.

Source: L’Oeil Du Sahel