Coup de massue sur la tête de Paul Biya : L'archevêque de Douala appelle à une "alternance" pour "sauver" le Cameroun

Samuel Kleda Hd Mgr Samuel Kleda dénonce un pays "malade" et des élections "dont les résultats sont connus d'avance"

Tue, 12 Aug 2025 Source: www.camerounweb.com

Dans une lettre pastorale lue dimanche 10 août 2025 lors de la messe dominicale, Mgr Samuel Kleda, archevêque métropolitain de Douala, a lancé un appel retentissant à l'alternance politique au Cameroun. Selon un reportage de RFI publié le 12 août 2025, le prélat a interpellé les citoyens camerounais, les exhortant à ne pas se décourager et à explorer "de nouvelles voies pour sauver le pays".

"Notre pays est malade", écrit Samuel Kleda dans sa lettre pastorale intitulée "sur le climat social à l'approche du scrutin". L'archevêque dresse un tableau sombre de la situation camerounaise : "Les dirigeants semblent ne plus savoir quoi faire, leur entêtement à conduire la gestion de l'État est inquiétant [...]. Nous avons le devoir d'alerter sur les signes avant-coureurs de la mort lente du Cameroun."

Pour le prélat, "le malaise qui ronge" le pays "prend sa source dans des actes anti-évangéliques institués" : la "mauvaise gouvernance" et la "corruption" alimentent une "pauvreté généralisée", le "délabrement du réseau routier" et un "accès difficile à l'eau et l'électricité".

L'archevêque de Douala ne mâche pas ses mots concernant l'état de la démocratie camerounaise. "Le citoyen n'est plus au cœur des préoccupations des dirigeants", déplore-t-il, ajoutant que "l'accent est mis sur l'individu, le clan, l'ethnie, le lobby" au détriment du plus grand nombre.

Mgr Kleda estime que "la démocratie [...] est entachée par la violence institutionnelle, les intimidations, l'absence de transparence, de vérité et de justice". Il dénonce comme moralement inacceptable "d'organiser des élections dont les résultats sont connus d'avance, décidés par une poignée d'individus [...] et que la validation des candidats soit entourée de suspicion et de controverse".

L'archevêque interpelle également sur les crises qui secouent le pays, notamment la crise anglophone et la situation dans la région de l'Extrême-Nord. Il appelle à une prise de conscience générale : "La situation exige que les citoyens aient à cœur de choisir des hommes et des femmes animés par le désir de changer ce que nous vivons et de sortir le pays du bourbier où il se trouve."

Cette déclaration s'inscrit dans la continuité des prises de position de Samuel Kleda, qui avait déjà marqué les esprits à Noël en déclarant sur RFI qu'une nouvelle candidature du président Paul Biya, à 92 ans, pour un huitième mandat n'était "pas réaliste".

Parmi les fidèles présents lors de la lecture de cette lettre pastorale à Douala, les réactions sont mitigées. L'avocat Georges Teguem, communicant du parti présidentiel RDPC, qualifie le discours "d'excessif".

"Le RDPC, avec le président de la République, travaille pour améliorer le quotidien des Camerounais [...]. L'évêque ferait mieux de nous accompagner en formant les masses à la lutte contre la corruption", rétorque-t-il.

Concernant la présidentielle, Georges Teguem maintient que "si c'était joué d'avance, nous n'irions pas aux élections [...] le RDPC travaille pour les remporter sans sous-estimer ses adversaires".

Cette prise de position de l'archevêque de Douala, diffusée dans son évêché à l'occasion de la messe dominicale, résonne particulièrement dans le contexte politique actuel du Cameroun. À l'approche de l'élection présidentielle, la voix de Mgr Samuel Kleda, figure respectée de l'Église catholique camerounaise, vient alimenter le débat sur l'avenir politique du pays.

Son appel à l'alternance et ses critiques frontales du système en place témoignent des attentes d'une partie de la société civile camerounaise pour un renouveau politique dans un contexte de défis multiples auxquels fait face le pays.

Source: www.camerounweb.com