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Couverture santé universelle : Un texte légal s’impose au Cameroun

Hopital Biyem Assi Il est également attendu de la loi sur la CSU en gestation, qu’elle puisse apporter une visibilité

Mon, 19 Aug 2024 Source: Le Zenith

En avril 2023, le Cameroun a lancé la première phase de sa couverture santé universelle (CSU) financée à hauteur de 95 milliards de Fcfa au profit des femmes enceintes et enfants de 0 à 5 ans. Plus d’un an après sa mise en œuvre, les coordonnateurs du système brandissent un bilan de 140 416 accouchements réalisés dont 7 066 césariennes ; le coût d’hémodialyse passé de 10 000 Fcfa pour deux séances hebdomadaires par patient à 15 000 Fcfa par an dans les 12 centres de dialyse.

Toutefois, les pouvoirs publics avouent à demi-mot qu’une avancée efficace de la CSU à long terme ne saurait s’opérer sans l’existence d’un texte légal qui l’encadre. « La CSU ne peut pas être supportée uniquement par le budget de l’Etat, il faudrait qu ’il y ait une loi qui permette à ce que les ci- toyens puissent contribuer. On ne peut pas de- mander de l’ argent aux gens tant qu ’il n ’ y a pas un encadrement juridique », a confié Anicet André Mintop, le coordonnateur national de la CSU qui se limite pour l’instant à l’enrôlement dans les structures publiques et autres structures privées confessionnelles.

Cette réforme s’annonce indispensable dans la mesure où elle viendrait notamment résoudre le problème de financement actuellement supporté par le budget du ministère de la Santé publique et des partenaires financiers. En d’autres termes, elle apporterait une réponse en termes de solidarité nationale : qui doit faire quoi ? Qui (entreprises, fonctionnaires, citoyens ordinaires, etc.) doit contribuer à hauteur de combien pour financer la CSU ?

« La loi est importante pour qu ’ un certain nombre de choses puissent avancer. Elle va nous permettre d’être plus efficace. Au- jourd’hui par exemple, on demande qu ’il faut augmenter le panier des soins mais on est limité parce qu ’ on fait avec les ressources que nous avons. Si on avait les financements, on aurait couvert un certain nombre de soins encore plus importants », indique la même source.

Il est également attendu de la loi sur la CSU en gestation, qu’elle puisse apporter une visibilité sur la structuration du secteur de la santé. « C’ est la loi qui va consacrer qui devra gérer la CSU : un établissement public administratif, un établissement privé… », lance un expert qui ajoute que le texte légal serait porteur d’un caractère obligatoire.

Pour l’heure, des sources dignes de foi rensei- gnent que la loi a été élaborée et envoyée à la hiérarchie où elle serait en examen avant son adoption puis sa promulgation. Faible budget alloué à la santé Si l’on peut déjà espérer l’instauration de la loi sur la CSU au Cameroun comme cela a été le cas en Afrique du Sud en mai dernier, la Banque mondiale dans sa Revue des finances publiques note d’importants défis en matière sanitaire. C’est le cas de la maîtrise des coûts de la CSU et l’harmonisation des différentes approches de financement des soins de santé, « qui sont cruciales pour une prestation efficace et durable des services de santé à l’échelle nationale », lit-on dans le rapport de l’institution de Bretton. Aussi poursuitelle, le Cameroun n’a pas encore réussi à atteindre la cible de 15 % du budget du gouvernement alloué au secteur de la santé fixée par la Déclaration d’Abuja de 2001.

La loi de finances rectificative 2024 alloue par exemple un budget de 257,7 milliards de Fcfa au ministère de la Santé publique soit 3,6% du budget de l’Etat rehaussé à 7 212,5 milliards de Fcfa. Ce qui fait dire à la BM que « le secteur de la santé ne fait pas encore partie des secteurs priorisés par le gouvernement ». Pour rappel, dans une interview accordée à la presse en avril 2023, l’économiste de la santé Albert ZE relevait 04 préalables à une CSU. « Le premier c ’ est qu ’il nous faut un système de santé qui soit solide, efficace et bien géré. Ensuite, des médicaments et équipements en abondance et disponibles permettant une maî- trise des coûts des soins de santé. Enfin, il nous faut un personnel de santé en nombre suffisant, bien formé et motivé », notait-il.

Source: Le Zenith