La rédaction de Camerounweb apprend à l'instant que Paul Biya n’a pas prolongé la durée de vie de la Task Force Covid-19, créée en avril 2021 et logée à la présidence de la République.
Selon les informations de Boris Bertolt, l’organe ad hoc était placé sous l’autorité directe du secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand NGOH NGOH, mais c’est Paul Biya qui approuvait en personne l’enveloppe budgétaire.
Le lanceur d'alerte poursuit en indiquant que Ferdinand Ngoh Ngoh a bel et bien introduit en juin 2022 auprès du chef de l’Etat le budget des activités de la Task Force Covid-19 pour la période 2022/2023 mais Paul Biya n’y a pas donné suite, obligeant le ministre des Finances à clôturer le compte auprès du Trésor public en novembre 2022.
« C’est que le chef de l’Etat est au courant de la gabegie dont s’est rendue coupable la Task Force dans l’achat des équipements et médicaments liés à cette pandémie.
En effet, un constat effarant a été effectué sur le marché d’achat tests TDR, d’acquisition de l’oxygène et de l’IRM et de fourniture des housses mortuaires.
1) SURFACTURATION DES TESTS TDR
Les tests TDR ont été acquis auprès de fournisseurs chinois et indiens par des entreprises liées au patron du BIR, Eran Moas. Le prix réel de chaque unité de test est de 200 FCFA, mais celui-ci a été facturé à l’Etat du Cameroun à 6000 FCFA l’unité. L’Etat a payé pour cette opération, 12 milliards de FCFA en 2021. Seulement, et c’est le lieu où la cupidité rend hommage au cynisme, les tests ont été déclarés après examen dans les laboratoires de santé publique ni efficaces ni sensibles, mais plutôt aléatoires, capables de déclarer le même sujet positif dans un test et négatif dans le suivant. Une dame est également au cœur de cette affaire : Dr Achta Hamadou, attaché au secrétariat général de la présidence de la République; c’est elle qui a sillonné le monde pour trouver les fournisseurs.
2) 800 MILLIONS FCFA POUR DES BOUTEILLES D’OXYGENE INVISIBLES DANS LES HÔPITAUX
Sur le budget de la Task Force 2021, 34 000 bouteilles d’oxygène ont été achetées par la Task Force pour les formations hospitalières des chefs-lieux de région et prétendument livrées directement (Laquintinie, Hôpital Central de Yaoundé, Hôpital Général de Yaoundé, etc.). Seulement, les hôpitaux ciblés étaient déjà pourvus en unités de production en oxygène. Les responsables de ces hôpitaux ont donc assisté à une manœuvres de véhicules de livraison entrant puis ressortant des hôpitaux sans décharger le moindre équipement. Comme à l’hôpital central de Yaoundé où la scène a intrigué.
3) UN CURIEUX APPAREIL D’IRM A GAROUA
La Task Force a commandé et fait livrer des appareils d’IRM. À Garoua, elle a fait d’une pierre deux coups : le marché COVID a été couplé à celui de la CAN. Seulement, l’appareil installé dans la capitale régionale du Nord en 2021 est un IRM d’occasion en lieu et place d’un neuf, qui avait déjà servi en Allemangne et en Turquie, et était prévu pour sortir du circuit médical fin 2022. Près d’un milliard de dépense pour une année de vie… et dire qu’il est toujours là, dans cet hôpital.
4) DES GANGS ET HOUSSES MORTUAIRES EN SURNOMBRE
La Task Force a fait acheter en mars 2022 et directement livré aux hôpitaux selon elle, des housses mortuaires pour environ 800 millions. Cette opération a eu lieu en 2022 alors même que les décès cumulés liés au Covid depuis sa survenue au Cameroun ont culminé à 1500. Au moment où les gens ne mouraient donc plus de Covid, on en a acheté officiellement 34.000. De nombreux hôpitaux n’ont en réalité rien reçu, et quand c’était le cas, ce n’était jamais le nombre officiellement déclaré. Le propriétaire de l’entreprise prestataire du marché est mort depuis, non sans avoir dit qu’on « avait seulement pris son entête moyennant un petit geste »…
Pour toutes ces raisons, Paul Biya a opposé le silence à la demande du Secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh pour la reconduction d’un budget 2022-2023 de la Task force Covid-19.
La Task Force Covid 19 a par la suite été dissoute n’ayant plus de budget. Le temps est désormais à la reddition des comptes » indique Boris Bertolt