Le Souverain pontife a désigné dimanche le 06 octobre, 21 nouveaux cardinaux qui seront créés le 8 décembre prochain lors d’un consistoire au Vatican. Seuls deux africains seront de la partie : Mgr Ignace Bessi Dogbo de Côte d’Ivoire et Mgr Jean-Paul Vesco d’Algérie. Le pays de feu Mgr Christian Tumi devra encore attendre…
C’est au terme de la prière de l’Angélus du 6 octobre 2024, que le pape François a annoncé la convocation d’un Consistoire le 8 décembre 2024, en la fête de l’Immaculée Conception. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le Souverain pontife a considérablement augmenté la taille du collège des cardinaux, renforçant son influence sur le groupe qui élira un jour son successeur. La nomination de Mgr Mykola Bychok a permis à l'Ukraine d'obtenir un cardinal. Un message fort envoyé par le pape alors que la guerre en Russie fait rage. L'ambassadeur d'Ukraine auprès du Saint-Siège, Andrii Yurash, a salué cette décision, même si François a préféré le chef de l'Église gréco-catholique d'Ukraine en Australie à celui de Kyiv, sa Béatitude Sviatoslav Shevchuk. Parmi les cardinaux nommés par le premier pape latino-américain de l'histoire figurent les chefs de plusieurs grands diocèses et archidiocèses d'Amérique du Sud. Il s'agit de l'archevêque de Santiago del Estero, en Argentine, Vicente Bokalic Iglic ; de l'archevêque de Porto Alegre, au Brésil, Jaime Spengler ; de l'archevêque de Santiago, au Chili, Fernando Natalio Chomali Garib ; de l'archevêque de Guayaquil, en Équateur, Luis Gerardo Cabrera Herrera ; et de l'archevêque de Lima, au Pérou, Carlos Gustavo Castillo Mattasoglio. Engagement mitigé de la Conférence épiscopale du Cameroun Dans ce contingent, seuls deux archevêques sont originaires d’Afrique. Il s’agit de Mgr Ignace Dogbo Bessi, archevêque d’Abidjan en Côte d’Ivoire, et de Mgr Jean-Paul Vesco, archevêque d’Alger, la capitale algérienne. Quand on sait que les cardinaux sont les proches collaborateurs du Pape qui l'assistent de près et le conseillent dans le gouvernement de l'Église catholique romaine, qui plus est participent en tant que électeurs et éligibles au conclave - du moins pour les moins de 80 ans, on peut s'interroger sur le pourquoi de l'absence des ressortissants camerounais dans cet entourage papal immédiat. Serait-ce de mauvaise foi que de se demander s'il y a un lien entre la réception faite par l'Afrique à la déclaration Fudicia Supplicans du 18 décembre 2023 et la désignation des cardinaux qui a suivi ? Mieux ? peut-on trouver une corrélation entre l'absence de nomination d' un cardinal camerounais et l'engagement mitigé de la Conférence épiscopale du Cameroun depuis le décès il y a 3 ans du cardinal Christian Wiyghan Tumi dans la recherche de la justice, de la paix et de la démocratie au pays? Quoi qu’il en soit, les fidèles catholiques et par-delà les camerounais pour une grande majorité, s’interrogent sur ce qui empêche la nomination d' un autre cardinal au Cameroun. Il est vrai qu 'aucun diocèse au Cameroun n'est associé à un siège cardinalice. Ceci se dit souvent des diocèses dont l'évêque est traditionnellement un cardinal. Toutefois, avec près de 30 % de sa population catholique et 180 ans d'évangélisation, les fidèles estiment qu ' un titre cardinalice serait un signe d'encouragement bien mérité à ce pays qui a connu trois visites papales dont deux visites de Saint Jean-Paul II et une du Pape Benoît XVI. Sauf que quand on s'amuse à scruter les profils des 21 cardinaux récemment désignés, on trouve des théologiens de renom, des hauts fonctionnaires du Vatican, des grands pasteurs qui ont marqué la vie diocésaine ou nationale de leurs pays respectifs de manière déterminante par des combats pour la justice et la paix, ainsi de suite. Pas sûr que le Pape François ait trouvé au Cameroun de telles figures.
Samuel Kleda « grillé » ?
Rappelons-nous que l'Église n'a même jamais nommé un Nonce apostolique de nationalité camerounaise, ni un prélat camerounais de haut rang ayant des hautes responsabilités au Vatican. L'opinion courante pense que le travail de Monseigneur Samuel Kleda archevêque métropolitain de Douala pour le traitement du Covid-19 et au-delà son travail de naturopathe vaudrait bien une telle reconnaissance. Mais cette opinion ne se demande pas ce qu 'en pensent ses confrères évêques, car ce service de soins qui a beaucoup contribué à sauver des vies reste tout de même un « service commercial » , pour reprendre certains hommes en soutane. Il y en a qui s'interrogent aussi sur la capacité du successeur du Cardinal Tumi à rester impartial dans la gestion des ressources et sa volonté de faire la communion au sein de son clergé et de l'archidiocèse qu 'il dirige. Par ailleurs, d'autres prélats camerounais seraient-il en droit de prétendre à la dignité cardinalice? On a vu des fake-news circuler avec des noms tels que celui du président de la Conférence épiscopale nationale Mgr Andrew Nkea Fuanya, ou encore celui de l'archevêque métropolitain de Yaoundé Mgr Jean Mbarga. Les faits ont démenti ces fausses nouvelles. Du coup, l'on pourrait croire que le pape François ne semble pas encore voir un profil à la hauteur de son espoir. Peut-être que si les résultats des enquêtes sur l'assassinat des évêques et des prêtres étaient publiés; peut-être que si le travail du cardinal Tumi pour ramener la paix Noso était poursuivi avec succès; peut-être que si l'effort d'assainissement de la vie publique était clairement assumé au Cameroun par l' un ou l'autre des épiscopes, alors, la calotte rouge reviendrait au Cameroun sur celui des évêques qui serait prêt à aller jusqu 'au martyre pour défendre la foi et les mœurs catholiques.