Intérêt du Cameroun, la priorité numéro 1 du Mindef
Ce conclave de perfectionnement des attachés de Défense et conseillers militaires venus des différentes représentations diplomatiques du Cameroun à travers le monde a connu son épilogue vendredi dernier dans la salle des Actes du ministère de la Défense.
Cette deuxième conférence du genre qui devrait se tenir en principe en 2020, a été repoussée à cause de la menace pandémique du Covid-19. Dans son discours de clôture, la ministre délégué à la présidence de la République chargé de la Défense, Joseph Beti Assomo a rappelé aux récipiendaires de ces classes que l’intérêt du Cameroun doit désormais être la pierre angulaire du déploiement dans leurs différentes juridictions de compétence. « Je vous l’avais déjà recommandé lors des travaux de 2017, je vous le réitère aujourd’hui. L’intérêt supérieur du Cameroun et lui seul devra constituer votre leitmotiv au quotidien. Vous veillerez à sa sauvegarde en étroite collaboration avec nos ambassadeurs et hauts commissaires », a-t-il martelé avant de souligner que cela nécessitera de leur part une vision claire et large des questions de Défense intéressant le Cameroun, ainsi que les jeux et enjeux géopolitiques dans leurs circonscriptions respectives. Il leur a en outre rappelé quelques axes majeurs à intégrer et à assimiler pour un rendement optimal dans leurs actions. Il s’est agi notamment de « la veille stratégique ; le renseignement de tous ordres ; la gestion appropriée des personnels ; les moyens financiers et biens mis à votre disposition pour le bien du service ; le suivi des militaires de passage ; les stagiaires et personnels évacués sanitaires dans vos circonscriptions respectives ; le suivi étroit de nos différentes diasporas, positives comme activistes ; la participation à la protection des institutions du pays ; la recherche de nouveaux partenariats dans tous les domaines pouvant intéresser la Défense ». En plus de ceci, il leur a prescrit de soigner leurs rapports avec leurs chefs de mission diplomatique, et les autorités des pays d’accueil, dans le stricte respect des Conventions internationales, des lois et règlements militaires du Cameroun et aussi de ceux de leurs pays d’accueil. Il les a par ailleurs, engagés à prendre conscience de leur place et de leur rôle dans le dispositif diplomatique du Cameroun. « Je vous invite à faire montre de plus de détermination, de proactivité, en un mot d’efficacité. Vous serez désormais jugé et apprécié à l’aune des résultats concrets que vous produirez sur une base trimestrielle. Vous veillerez également sous l’autorité de vos chefs de mission diplomatique et en liaison avec la division de la coopération militaire, à prendre des dispositions appropriées pour obtenir les agréments des autres pays de vos circonscriptions respectives et ne pas rester figés ou cloitrés dans les seuls pays de résidence. Vous devez vous employer à ratisser plus large dans tous les tous les pays de vos juridictions respectives. D’immenses espaces et champ de partenariat pouvant s’y nicher de manière considérable », a prescrit le ministre. La question des expériences n’était pas en reste. « Je voudrais également vous encourager à densifier les échanges entre vous, et à partager régulièrement vos expériences respectives. Vos chefs et collègues vous ont fait part de leurs attentes. Vous devez impérativement les prendre en compte dans votre praxis pour les rendre plus fructueuses et fécondes », a déclaré le maître des céans in extenso. « La coopération militaire camerounaise à l’ère du retour à la multipolarisation de la puissance en en relations internationales », est la thématique qui a nourri les échanges au cours de ce haut- lieu de partages. A cet effet, tout en saluant les riches et magistrales communications des cadres du ministère des Relations extérieures et des riches et denses interventions des civils et militaires avec les militaires diplomates, Joseph Beti Assomo a appelé ces derniers à l’ouverture d’esprit pour mieux assimiler les nouvelles connaissances acquises.
La situation au Sahel préoccupe
A l’ouverture de la Conférence, le ministre Joseph Beti assomo avait déjà pris soin d’indiquer que le monde est encore entré dans les tourments avec la crise ukrainienne après la pandémie du Covid19. Dans son sillage, il y a des changements géopolitiques qui produisent d’inévitables ruptures dans l’ordre mondial et nécessitent une vigilance stratégique en tout temps. Ceci est visible, a-t-il alors rappelé, avec le développent politique dans la Sahel et le Golfe de Guinée. A cet effet, « le Cameroun qui est une Afrique en miniature, situé au cœur du continent suit avec un intérêt particulier les changements qui se produisent au Sahel ». En ce qui concerne la lutte contre le terrorisme de Boko Haram « auprès des pays frères que sont le Nigeria, le Niger, le Tchad et le Bénin », il a indiqué bien que réduit aujourd’hui à des attaques de prédation, ce groupe n’en conserve pas moins une capacité de nuisance encore avérée. « Madame et Messieurs les attachés de Défense et conseillers militaires, ces défis géopolitiques nous imposent une cohérence de pensée et d’action », a ordonné le ministre au cours de son speech. Dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, les forces de Défense et de sécurité poursuivent également leur mission de préservation de l’intégrité territoriale du pays et de protection des populations et de leurs biens. « Bien que l’accalmie soit observable sur la quasi-totalité des deux régions, nous poursuivons nos efforts pour contribuer au retour vers une paix totale et complète sur l’ensemble du pays », s’est réjoui le patron de la Défense. Il a aussi de manière officielle et pour la première fois, indiqué que ces dernières années, « nous avons également observé de nouvelles menaces contre notre pays et ses institutions. A travers l’activisme débridé d’une certaine diaspora, de violences physiques contre les symboles de la Nation, de replis identitaires et de discours haineux ». Tout porte à croire qu’à ce sujet, des stratégies ont été mises en œuvre pour endiguer quelconque menace venant de la diaspora. Il a de ce martelé que le Cameroun se trouve ainsi confronté à plusieurs menaces et « doit trouver son chemin dans ce théâtre mondial trouble et poursuivre résolument sa marche vers l’émergence en 2035, conformément à vison du chef de l’Etat ». Dans trois mois, les premiers bulletins parvenus sur la table du Mindef diront la distance entre la promesse des fleurs et les fruits servis.