Le sang des victimes était destiné à des charlatans pour des rites de sorcellerie au Gabon voisin.
Stupeur et consternation étaient au rendez-vous cette semaine à Kyé-Ossi, ville camerounaise, située à la frontière d’avec le Gabon et la Guinée- Equatoriale. Au coeur du désastre, un kidnapping ayant abouti à l’assassinat de trois jeunes filles. Le rapt a eu lieu dans une cité au quartier Akombang mercredi, 1er mars 2014, autour de 14 heures. Il aurait été commandité par des ressortissants gabonais et perpétré par un groupe de bandits du quartier. Informé aux environs de 19 heures, le souspréfet Avom Ndang décide de lancer des recherches.
«J’ai observé qu’il y avait une porte secrète qui donnait à l’auberge à partir de la cité. Et je me suis dit que ceux qui ont organisé le rapt ne pouvaient pas pendre l’enfant et se volatiliser. J’ai par ailleurs observé qu’il y avait des traces qui menaient à cet hôtel. C’est à partir de ces indices que j’ai ordonné la fouille», indique l’autorité administrative. L’auberge et la cité étant séparées par un mur, c’est grâce à l’intuition d’Ariane Kemo que l’enlèvement sera décelé. Elle occupait une pièce dans la même cité avec son amant réceptionniste. «A son réveil, elle s’est mise à chercher les enfants en les appelant. C’est en ce moment que je réalise que mes filles sont portées disparues avec celle de ma voisine.
On était complètement meurtri jusqu’à l’arrivée du sous-préfet qui a demandé qu’on fouille le quartier, maison après maison», raconte Yayi. Il est le père de trois des quatre enfants enlevés et de l’unique survivante. Alors que les éléments des forces de l’ordre passent les lieux au peigne fin, une découverte dans la malle-arrière de l’un des véhicules garés au parking de l’auberge effare la population. Trois des quatre filles recherchées sont mortes dans le coffre du véhicule : Hélé Yann, quatre ans, Ramissa, trois ans et Yaya Lawal, deux ans.
«Ils leur ont donné des doses très fortes du stupéfiant communément appelé «Tramol» dans de la sardine. Il était dit qu’ils devaient égorger les enfants, recueillir le sang frais pour les rites de sorcellerie et les parties humaines. Le départ pour le pays voisin où devaient avoir lieu ces pratiques était prévu à trois heures du matin», indique le sous-préfet.
La seule survivante à ce crime organisé s’appelle Oumié Salamatou, six ans. «Quand on a ouvert la malle, j’ai trouvé Salamatou couchée sur ses deux soeurs qui étaient déjà mortes. Je ne peux pas vous dire exactement ce qui s’est passé. C’est la seule survivante des quatre fillettes enlevées », marmonne Ibrahim, oncle de la survivante. Sous le coup de la colère, l’auberge et les véhicules des auteurs du triple assassinat seront brûlés et saccagés par une foule d’indignés.
Dans la même veine, 14 suspects ont déjà été interpellés, dont trois Gabonais, et transférés à la division régionale de la police judiciaire du Sud, où ils méditent leur sort. Les corps des trois enfants quant à eux se retrouvent à la morgue de l’hôpital de district d’Ambam. En attendant, les enquêtes se poursuivent.